La blessure de cuisse de Mbappé et son retour anticipé sur le terrain ont fait couler beaucoup d’encre médiatique. La plupart des lésions musculaires de cuisse sont des contusions ou des étirements, plus rarement des ruptures massives. Au sein d'un spectre pathologique très polymorphe et très variable dans sa gravité, certaines lésions vont évoluer très favorablement et à l’opposé d'autres mettront un terme à une carrière professionnelle des plus prometteuses.
Le praticien doit donc procéder à une démarche méticuleusement analytique afin d’orienter au plus juste ce blessé particulier. Si l’on veut optimiser le retour à l’entraînement, voire aux matchs, les décisions initiales sont cruciales. Elles se fondent sur l’analyse de l’accident, l’évaluation anatomique topographique et pathologique et le choix de l’option thérapeutique adaptée à la situation rencontrée. Les blessures de cuisse du footballeur sont mieux analysées et mieux prises en charge dès leur présentation initiale.
Un profil épidémiologique mieux cerné
Les blessures de cuisse concernent, dans le langage populaire, la loge antérieure, dont le volume est occupé par le quadriceps (crural, deux vastes médial et latéral, droit antérieur). Mais ces blessures ne dominent pas nécessairement la pathologie du footballeur par leur fréquence, puisqu’elles arrivent en troisième position après les lésions des ischio-jambiers et celles des adducteurs.
C’est le droit antérieur qui est le plus affecté. Ce dernier peut faire l’objet d’une contusion directe lors d’un tacle ou de toute autre collision. Il peut être aussi endommagé lors d’un shoot violent contrarié, lors d’un sprint ou d’un saut. Les autres composantes du quadriceps peuvent également être touchées lors de contusions directes.
Une démarche diagnostique précise
L’examen clinique commence par un interrogatoire précisant le mécanisme de l’accident. La palpation attentive doit localiser l’épicentre lésionnel et rechercher un éventuel vide de continuité. Le test des mobilités actives de genou et de hanche doit s’assurer d’une absence de rupture tendineuse ou de la jonction myotendineuse. Si l’échographie complète utilement l'examen clinique, c’est surtout l’IRM qui permet le mieux d’apprécier la gravité de la lésion et surtout de suivre séquentiellement son évolution cicatricielle.
Un traitement individualisé
Il n’y a pas de traitement univoque de ces lésions. Le traitement qualifié de conservateur domine la prise en charge et inclut repos, glaçage, compression et réduction des charges d’appui sur le membre inférieur concerné. Il existe en général un hématome localisé de volume variable que ces mesures aideront à résorber.
Le processus cicatriciel consiste, successivement, après une première phase de quelques jours d’élimination des phénomènes inflammatoires, en une période de régénération des fibres musculaires s’étalant sur près d’un mois, puis d’une période de maturation, finalement suivie d’une période de remodelage - renforcement des fibres musculaires pouvant prendre trois à six mois. La prudence de l’accompagnement en rééducation doit tenir compte de tels délais de guérison.
À côté de cette approche conservatrice, certaines situations plus rares peuvent imposer un recours à une chirurgie réparatrice en cas de discontinuité de la jonction musculo-tendineuse ou en cas de récidives. L’IRM en facilitera le ciblage.
Quel type de prévention ?
Compte tenu de l’extrême demande physique imposée à ces joueurs, il est impossible d’obtenir une prévention totalement efficace. Cependant, certaines précautions aident à minimiser l’impact des blessures sur le joueur et sur sa carrière. Le travail sur la mobilité de hanche est particulièrement utile ainsi que, lors des entraînements, sur la coordination bassin-membres inférieurs. Un apprentissage d’un bon contrôle du bassin réduit également le risque de survenue de telles blessures.
Lasse Lempainen et al, BMC Sports Sci Med Rehabil, 18 mars 2022. DOI: 10.1186/s13102-022-00428-y
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