En un peu moins de trois ans, 300 000 autotests de dépistage du VIH ont été distribués aux pharmacies d'officine, dont « 200 000 à 250 000 ont été vendus », selon Fabien Larue, directeur du laboratoire AAZ. À ces chiffres, il faut ajouter « 15 000 autotests achetés et distribués gratuitement par Paris Sans Sida, 2 000 autres par Île-de-France sans sida et environ 10 000 achetés pour être distribués gratuitement dans les associations et les structures en dehors de l'Île-de-France », explique-t-il au « Quotidien », à l'issue d'une conférence de presse destinée à dresser un bilan des autotests. En 2017, plus de 90 000 autotests ont été vendus en France, « cette année on fera plus de 100 000 », prédit Fabien Larue.
Pour le Pr Gilles Pialloux, chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l'hôpital Tenon, « les autotests viennent élargir l'offre de dépistage, on verra à l'avenir s’ils ont pris la place des tests rapides d'orientation diagnostique (TROD) ». Pour autant, le Pr Pialloux ne cache pas sa déception face à la stagnation du nombre de dépistage en France : « 5,4 millions de dépistages ont été réalisés en 2016, soit autant qu'en 2004, c'est consternant. Un centre de santé sexuel londonien fait 7 000 tests par mois avec des taux de positifs qui restent élevés. C'est plus que ce que font certains CEGIDD en un an », illustre-t-il.
Les CeGIDD dépistent encore peu
Outre les autotests, les centres gratuits d'information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD) mis en place le 1er janvier 2016 devaient constituer un autre moyen d'augmenter le nombre annuel de dépistages. Plus de 2 ans après, « les CeGIDD pratiquent moins de 15 % des dépistages, mais ils dépistent plus de positifs que les autres structures », constatent le Pr Pialloux.
Également présente lors de la conférence de presse, la responsable de Paris Sans Sida, Ève Plenel, a expliqué que les 11 CeGIDD parisiens entraient dans une nouvelle démarche : « On voit de plus en plus de centres qui donnent des autotests s'il n'y a pas de créneau de rendez-vous disponibles. Personne ne doit plus passer la porte sans avoir une solution de test, prévient-elle. Cela passe par une absence de hiérarchisation entre les solutions de test : l'autotest ne doit pas être considéré comme un test par défaut du test Elisa. »
S'ils ne sont pas parvenus à augmenter le nombre de dépistages, les autotests semblent toutefois répondre à un besoin non résolu par le reste de l'offre disponible. Ainsi, l'association AIDES a distribué 1 199 autotests et réalisé 744 entretiens d'accompagnement. Selon Stéphane Simonpietri, directeur des programmes internationaux de l'association, parmi les personnes interrogées « 316 se déclarent exposées au VIH avec des prises de risque à répétition, 212 évoquent un éloignement géographique des centres de dépistages, 186 sont réticentes au TROD. En outre, 86 % des interrogés sont en situation de précarité avec un accès aux soins difficile », détaille-t-il.
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