Moins d'une semaine après l'annonce de l'élargissement de la vaccination contre la variole du singe à l'ensemble des populations à risque d'exposition (hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes [HSH] et hommes trans ayant des comportements à risque, personnels des lieux de rencontre gay), les réseaux sociaux grondent contre la difficulté d'obtenir des créneaux de rendez-vous et le manque d'informations sur la pathologie, les méthodes de prévention et les lieux de vaccination.
Au 12 juillet, voici ce que l'on pouvait trouver sur @doctolib pour prendre un rdv "vaccination contre la variole du singe" dans les 8 points de l'@APHP à Paris. Situation inacceptable qui montre l'incapacité de @Sante_Gouv à organiser une campagne de vaccination digne de ce nom. pic.twitter.com/WNPUxKT1xx
— Act Up-Paris (@actupparis) July 13, 2022
Près de 25 minutes avec un conseiller @SidaInfoService à propos de la variole du singe.
— Édouard Rose (@edouard_rs) July 13, 2022
La vaccination préventive a été étendue aux HSH. Pourtant, impossible de trouver un créneau face au manque d’organisation et à la pénurie de personnel soignant à disposition. 1/3
Questionnés devant la commission des Affaires sociales du Sénat, les représentants de la Direction générale de la santé (DGS) et de Santé publique France (SPF) ont défendu leur stratégie, accompagnés du Pr Xavier Lescure, infectiologue à l’hôpital Bichat et coordinateur de la première grande étude observationnelle en France.
« Nous avions dit que nous ouvririons la vaccination cette semaine, mais avec le 14 juillet en plein milieu, les choses ne sont pas simples », explique le Dr Clément Lazarus de la sous-direction de la veille et de la sécurité sanitaire au ministère de la Santé et de la Prévention. Il reconnaît l'existence de « délais » dans l'obtention des créneaux de rendez-vous, mais insiste sur le fait que « la France est le premier pays à organiser une telle campagne de vaccination ».
À la date du 13 juillet, 72 centres de vaccination ont été ouverts par les agences régionales de santé (ARS), répertoriés sur le site sante.fr. Les centres gratuits d'information, de dépistage et de diagnostic (Cegidd) ont maintenant la possibilité de procéder à des vaccinations. « Beaucoup de monde se présente » dans ces centres, témoigne le Pr Lescure, « il y a beaucoup de frustration causée par des délais de rendez-vous qui sont incompatibles avec les envies de vacances festives de certains. »
120 000 personnes à vacciner
Interpellé par le sénateur de Paris, le Dr Bernard Jomier, sur le fait que la France aurait « du retard » et en était encore à produire des recommandations fin mai, au moment ou « l'Allemagne commandait déjà 240 000 doses de vaccin », les responsables de SPF et du ministère promettent en chœur que les stocks stratégiques sont d'ores et déjà suffisants pour vacciner préventivement la cible de population actuelle, c’est-à-dire 120 000 personnes estimées, dont 40 000 utilisateurs de prophylaxie pré-exposition (PrEP).
« Nous avons déjà déstocké plusieurs milliers de doses qui sont actuellement sur le terrain, notamment en Île-de-France, et plusieurs milliers d'autres seront déstockées prochainement », indique le Dr Bruno Coignard, directeur des Maladies infectieuses à SPF.
Questionné sur l'efficacité vaccinale, le Pr Lescure a insisté sur le peu de données encore disponibles. « Dans les limites de ces données, l'efficacité est actuellement estimée à 85 %, explique-t-il. Et les données de tolérance des vaccins de troisième génération sont plutôt bonnes. »
Une communication communautaire
Face aux critiques de la stratégie gouvernementale de communication envers les publics cibles, François Beck, directeur de la Prévention et de la Promotion de la santé à SPF se défend : « Nous avons pu nous appuyer sur le dispositif Sexosafe. Dès le 20 mai, 13 jours après le premier cas français, nous avons fait un premier post sur les réseaux sociaux et un article, relate-t-il. Nous avons mis en place des outils pour les acteurs de terrain et conçu des affiches et des flyers pour diffuser l'information dans les lieux communautaires gays. Enfin, nous avons communiqué via les sites communautaires comme Hornet ou des applis comme Grindr », poursuit-il. Un partenariat a également été noué avec les radios FG et G one.
Concernant les populations autres que HSH, des fiches sont en cours d'élaboration pour le site Vaccination Info Service. Par ailleurs, depuis ce mercredi 13 juillet, une ligne téléphonique « Monkeypox Info service » est accessible 7 jours sur 7 au 0801 90 80 69, afin de répondre aux questions sur la variole du singe et orienter les individus vers les dispositifs adaptés.
Plus de 900 malades en France
À la date du 12 juillet, SPF recensait 912 cas confirmés, pour un âge médian de 36 ans, dont 97 % d'HSH. On dénombre actuellement 25 hospitalisations, aucune en réanimation, liées à des atteintes oculaires, rectales ou des surinfections bactériennes. « Notre principale crainte est que l'épidémie sorte de la communauté où elle se trouve actuellement et se répande dans la population générale, soutient le Pr Lescure. Les études de séroprévalence font état d'un taux de protection de la population française de l'ordre de 10 %, correspondant à la part des plus de 50 ans qui ont été vaccinés contre la variole. Nous avons donc une population cible non immunisée très importante. »
Pour prendre en charge les très fortes douleurs liées aux lésions, le ministère de la Santé a saisi les sociétés savantes spécialisées dans la prise en charge de la douleur. « Leurs recommandations devraient nous être remises dans les prochains jours, rassure le Dr Lazarus. Elles nous permettront d'organiser des filières de prise en charge de la douleur. »
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