Première étude à l'échelle nationale

Une cohorte britannique décrit les complications cérébrales liées au Covid-19

Par
Publié le 30/06/2020
Article réservé aux abonnés
Une étude du « Lancet Psychiatry » montre que les AVC représentent la complication neurologique la plus fréquente chez des patients britanniques hospitalisés pour Covid-19.
Un état mental altéré a concerné 31 % des patients

Un état mental altéré a concerné 31 % des patients
Crédit photo : Phanie

Pour mieux comprendre la nature des complications cérébrales associées à l'infection Covid-19, une équipe britannique a analysé les données de 125 patients hospitalisés pour une forme sévère de la maladie au Royaume-Uni au moment du pic épidémique. Leur étude parue dans « The Lancet Psychiatry » (1) montre que les accidents vasculaires cérébraux (AVC) ischémiques sont les plus fréquents.

« La plupart des rapports publiés sur les complications neurologiques de Covid-19 se limitent à des cas individuels ou à de petites séries de cas, indiquent les auteurs. À notre connaissance, il s'agit de la première étude de surveillance systématique à l'échelle nationale, au Royaume-Uni, sur l'ampleur des complications aiguës du Covid-19 dans le système nerveux, entreprise grâce à la mobilisation rapide des organismes de neurosciences britanniques ».

62 % d'événements cérébrovasculaires

Un portail a été mis en ligne afin de permettre aux spécialistes en neurologie, en psychiatrie et en soins intensifs de rapporter de manière sécurisée tous les cas de complications neurologiques et psychiatriques. Entre le 2 et le 26 avril, des données complètes ont été rapportées pour 125 patients. Parmi eux, 114 ont eu un diagnostic de Covid-19 confirmé par RT-PCR, les autres étant des cas probables ou possibles.

L'événement cérébrovasculaire était la complication cérébrale la plus rapportée avec 77 cas (62 %), dont 57 AVC ischémiques, neuf AVC hémorragiques et une vascularite cérébrale. Parmi ce groupe de 77 patients, 82 % avaient plus de 60 ans.

Un état mental altéré a concerné 39 patients (31 %), parmi lesquels neuf avaient une encéphalopathie non spécifiée et sept une encéphalite. Les 23 autres ont eu un diagnostic psychiatrique (psychose, trouble neurocognitif type démence ou autre trouble psychiatrique). Pour 21 de ces derniers, il s'agissait d'un nouveau diagnostic. Néanmoins, les auteurs n'excluent pas un sous-diagnostic potentiel avant l'infection. Les patients présentant un état mental altéré étaient globalement plus jeunes que ceux avec événement cérébrovasculaire : seuls 51 % d'entre eux avaient plus de 60 ans.

Orienter les futures recherches

« Le grand nombre de patients présentant une altération de l'état mental pourrait refléter l'accès accru à la neuropsychiatrie ou à l'examen psychiatrique pour les jeunes patients, et l'attribution accrue de l'altération de l'état mental à la démence chez les patients plus âgés », considèrent les auteurs.

Par ailleurs, en dehors de ces deux groupes de patients, un syndrome de Guillain-Barré (ou apparenté) a été notifié pour quatre patients. Deux autres avaient un autre trouble périphérique et les trois derniers un trouble neurologique autre.

De plus grandes études, à plus long terme et élargies aux patients non hospitalisés, sont nécessaires pour mieux comprendre le lien entre complications cérébrales et infection au Covid-19 et mieux identifier les patients à risque de développer ces complications.

« Ces résultats devraient orienter les futures recherches visant à établir le rôle du neurotropisme viral, des réponses immunitaires de l'hôte et des facteurs génétiques dans le développement de ces complications, afin que des stratégies de prise en charge clinique puissent être élaborées », estiment les auteurs.

(1) A. Varatharaj et al., Lancet Psychiatry, https://doi.org/10.1016/ S2215-0366(20)30287-X, 2020.

Charlène Catalifaud

Source : Le Quotidien du médecin