Un vaccin antigrippal universel se profile à l’horizon

Publié le 19/12/2013
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Crédit photo : S. TOUBON

Est-ce la fin annoncée des grandes pandémies grippales ? C’est en tout cas ce qu’espèrent des chercheurs californiens avec la synthèse d’un antigène vaccinal « quasi idéal » conférant potentiellement une protection bien plus large que ceux générés jusque-là chaque année. L’équipe dirigée par James Swartz a travaillé non pas sur la partie variable de l’hémagglutinine (HA) mais sur la partie constante de la protéine. L’obtention d’anticorps neutralisants dirigés contre un domaine fixe fait se rapprocher l’idée d’un vaccin antigrippal « universel », moins soumis à l’extrême variabilité saisonnière de l’infection. À la clef, cette avancée signifie la mise à distance des grandes menaces pandémiques mais signe aussi la fin des campagnes vaccinales obligatoires annuelles.

Synthèse acellulaire de protéines

L’hypothèse scientifique semble tomber sous le sens, pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt ? Parce que le domaine stable de l’HA s’avère très difficile à générer, en raison d’une conformation dans l’espace complexe. Il fallait donc l’outil capable de reproduire un agencement complexe tridimensionnel. Une étape qu’ont réussi à franchir les chercheurs à l’aide d’une technique très particulière, la synthèse acellulaire de protéines (ou CFPR en anglais pour cell-free protein synthesis). Par rapport à la synthèse classique, la méthode permet de modifier l’environnement de la protéine de façon plus simple, par exemple avec l’ajout de réactifs et de catalyseurs de repliement.

Un tournant décisif dans un long parcours

Une conformation immunogénique correcte n’a pas été simple à trouver. Pour y parvenir, il a fallu à l’équipe deux ans et des dizaines d’expériences avant d’obtenir un antigène viral, et soluble par ailleurs. Le protocole faisant appel à la technique CFPR compte quatre grandes étapes : exposition de certaines protéines de surface, mutation de certains résidus hydrophobes, raccourcissement de segments polypeptidiques, réduction des ponts disulfides. L’équipe de Stanford a franchi une étape déterminante, ce qu’aucune autre au monde n’était parvenue à faire. La technique CFPR ouvre de grandes perspectives pour la possibilité d’un vaccin antigrippal universel, même si la longue route avant la mise sur le marché n’en est encore qu’à son tout début.

PNAS, publié le 16 décembre 2013

Dr I. D.

Source : lequotidiendumedecin.fr