Parodontose et risque cardio-vasculaire

Un rôle toujours exploré

Publié le 23/01/2012
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INFECTION de la cavité buccale par une flore bactérienne, en général Gram-, la parodontite est une pathologie extrêmement fréquente puisqu’elle touche environ 30 % des sujets adultes. Deux facteurs favorisent son apparition : un faible niveau socio-économique et le tabagisme. À noter que la flore bactérienne est différente selon le facteur favorisant.

Quant à son éventuel rôle dans le risque cardio-vasculaire, les différents travaux donnent des résultats variés. Une étude intéressante parue en 2007 (1) démontre son rôle délétère sur la fonction endothéliale et la correction de cette fonction après prise en charge de la parodontite. Ceci pourrait suggérer que la parodontite est un facteur causal de la maladie athéroscléreuse. Une autre étude montre que si on s’ajuste sur les facteurs de risque cardio-vasculaires traditionnels, le facteur parodontite disparaît… Ce qui voudrait dire que la parodontite est seulement un marqueur de ces facteurs de risque.

Si l’on admet le lien parodontopathie maladie cardio-vasculaire, on peut imaginer un lien direct de l’une à l’autre, ou encore indirect : parodontopathie avec présence d’une flore bactérienne abondante et action de ces bactéries sur le système cardio-vasculaire.

En outre, différents travaux ont montré un rôle causal d’une infection bactérienne, qu’elle soit intestinale ou tissulaire, dans l’apparition d’une obésité ou d’un diabète (2). « À Toulouse, soulignait le Pr Jacques Amar, nous avons montré que l’infusion d’un composant particulier polysaccharidique de la paroi bactérienne pouvait provoquer chez les souris diabète et obésité ».

Récemment, une étude parue dans Nature (2011) montre que des produits du métabolisme bactérien détectables dans le sang sont associés à une régulation des macrophages impliqués dans la genèse de l’athérosclérose. Malheureusement, face à ces théories, les essais d’antibiothérapie dans la maladie athéroscléreuse sont négatifs. Beaucoup de voies restent donc à explorer.

D’après la communication du Pr Jacques Amar (Toulouse).

(1) NEJM. Mars, 2007.

(2) Ley Ruth E et coll. Nature 2006 Dec 21;444(7122):1022-3.

 Dr B.M

Source : Le Quotidien du Médecin: 9070