Face aux émergences infectieuses

Se préparer en temps de paix pour être réactif à la guerre

Publié le 13/02/2014
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Crédit photo : BSIP

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« Notre groupe de travail a pour mission de rendre possible une activité de recherche en urgence, en même temps que s’installe un processus de maladie infectieuse émergente. L’idée est de travailler en amont pour être prêt le moment venu, de se préparer en période de paix pour être réactif en période de guerre », explique le Pr Bruno Hoen, responsable du groupe « recherche » au sein de l’entité SPILF-COREB.

Cette volonté de travailler en amont part d’un constat simple : en situation d’émergence d’un phénomène infectieux nouveau, il faut aller vite. « Or, il existe des délais administratifs incompressibles quand on veut lancer une action de recherche. L’épisode du H1N1 en 2009 a montré que cela pouvait prendre des mois. C’est d’ailleurs à l’issue de cet épisode que la communauté infectiologique et microbiologique a été convaincue de la nécessité de conduire ce travail de préparation en amont », explique le Pr Hoen.

Le groupe « recherche » a donc lancé plusieurs pistes de réflexion, notamment autour de la réalisation de projets « mock-up », c’est-à-dire de maquettes pouvant servir de bases à un projet de recherche final. « L’idée est d’établir un projet sans connaître précisément l’agent infectieux concerné mais en rédigeant les protocoles et en les soumettant à des comités de protection de personnes. Pour que le moment venu, il n’y ait plus qu’à finaliser le document en remplissant les trous », explique le Pr Hoen, en précisant que cette procédure a par exemple été suivie pour la réalisation d’un vaccin H5N1.

Le groupe mène aussi une réflexion sur la préparation de formulaires de recueil d’informations en vue de constituer des bases de données descriptives observationnelles des premiers sujets touchés lors d’une épidémie. « Nous avons prévu de réaliser des cahiers de recueil d’observation type, ayant vocation à être très vite finalisés en cas de besoin », souligne le Pr Hoen.

Voyages aériens

Une réflexion est également conduite sur la stratégie à mettre en place pour identifier et suivre des sujets qui rentrent en avion d’une zone géographique touchée par une émergence infectieuse. « C’est très important d’être en capacité d’optimiser l’identification puis l’isolement de ces sujets qui peuvent, lors de leur retour, être en phase d’incubation et donc en bonne santé. C’est cette stratégie qui a permis, en partie, d’éteindre relativement vite l’épisode de SRAS en 2003 », souligne le Pr Hoen, conscient que cette stratégie doit être « compatible avec le respect des libertés individuelles. Il n’est pas possible de mettre tous les voyageurs en quarantaine de manière préventive ».

D’après un entretien avec le Pr Bruno Hoen, responsable du groupe « recherche » au sein de l’entité SPILF-COREB, chef du service des maladies infectieuses et tropicales du CHU de Pointe-à-Pitre.

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Se préparer en période de paix pour être réactif en période de guerre

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L’épisode du H1N1 a montré un l’échec de la réaction a posteriori

Antoine Dalat
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Source : Bilan spécialistes