Pour l’Institut Pasteur et l’équipe de Sylvain Baize, du Centre national de référence des fièvres hémorragiques virales, c’est une étape cruciale qui commence : la phase 1a du premier vaccin utilisant la plateforme Mopevac, sur laquelle ils travaillent depuis 2003. Début 2026, les 72 premiers volontaires sains recevront une injection de MopevacLAS, un vaccin dirigé contre l’arénavirus Lassa, responsable de la fièvre hémorragique du même nom. Si les résultats sont probants, cela pourrait accélérer le développement d’autres vaccins dirigés contre des virus sud-américains et produits à partir de la même plateforme.
La fièvre de Lassa est responsable chaque année de 5 000 à 6 000 morts en Afrique de l’Ouest. « Sa létalité est de 20 à 30 %, avec une physiopathologie similaire à celle du virus Ebola », explique au Quotidien Sylvain Baize. Contrairement aux épidémies d’Ebola, les épidémies de fièvre Lassa sont un mélange de transmission interhumaine et zoonotique depuis le rat du Natal, qui vit au contact des communautés humaines. « Il est difficile de dire si les épidémies sont plus fréquentes qu’avant, complète Sylvain Baize. Mais on peut dire qu’elles touchent plus de pays. Elles sont régulières en Sierra Leone, au Liberia, en Guinée Conakry et au Nigeria, pays où les cas sont les plus nombreux. Le virus est aussi devenu endémique au Bénin depuis une dizaine d’années avec des cas sporadiques au Mali et en Côte d’Ivoire. » Le virus de Lassa n’a toutefois pas un potentiel pandémique car la transmission interhumaine est difficile : elle ne peut se faire que par contact avec des fluides biologiques d’un patient symptomatique.
Vaccin vivant atténué
« Pour obtenir une protection longue et efficace, proche de celle provoquée par une infection naturelle, rien ne bat les vaccins vivants atténués, poursuit Sylvain Baize. Parmi les vaccins qui fonctionnent le mieux, on peut citer ceux contre la fièvre jaune ou la rougeole. » Problème : fabriquer un vaccin vivant atténué à partir d’un virus sauvage est long, hasardeux et empirique. Aussi les chercheurs de Pasteur ont-ils pris un chemin différent : modifier un virus proche de celui de Lassa pour en faire un vaccin vivant inoffensif.
En 2003, l’équipe de Sylvain Baize s’aperçoit que le virus Lassa a 75 % d’homologie de séquences avec le virus Mopeia. Ce dernier présentant l’avantage de ne pas être pathogène chez l’homme, ils décident dix ans plus tard de le modifier pour en faire un vaccin, notamment en remplaçant une séquence par celle codant pour la glycoprotéine d'enveloppe du virus Lassa, une cible majeure pour le système immunitaire. Le virus obtenu est toujours réplicatif, et donc susceptible de provoquer une réponse immunitaire soutenue.
L’essai est prévu randomisé en escalade de dose. Son objectif sera d’évaluer l’innocuité du vaccin, en particulier aux doses les plus fortes, qui se sont révélées protectrices chez l’animal. En cas de succès, il s’agirait d’un signal encourageant pour les autres vaccins en développement avec la plateforme Mopevac, en particulier un vaccin pentavalent dirigé contre cinq arénavirus sud-américains (Junin, Machupo, Chapare, Guanarito et Sabiá). Récemment, l’équipe de Sylvain Baize a aussi validé chez la souris un vaccin contre la fièvre hémorragique de Crimée-Congo. « Si notre essai de phase 1 fonctionne contre le virus de Lassa, cela donnera peut-être envie à la coalition internationale Cepi de soutenir nos candidats vaccins », espère-t-il.
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