Une enquête judiciaire a été ouverte à Nancy après la mort d’un jeune homme de 23 ans qui souffrait d’une grippe et dont l’état s’est brutalement aggravé. La famille accuse les secours d’avoir tardé et les conclusions de l’enquête devront définir les circondtances de la mort. Toutefois, le jeune âge de la victime suggère une grippe maligne. À la différence de la grippe classique qui peut entraîner des décès chez les sujets âgés, fragilisés par une infection respiratoire, cardiaque, une obésité, la grippe maligne touche des jeunes.
« La grippe maligne atteint des sujets qui n’ont jamais été en contact avec le virus grippal, qui ne sont ni vaccinés, ni immunisés, explique Matthieu Schoeffler, anesthésiste réanimateur à l’hôpital de la Croix Rousse à Lyon. Il peut s’agir aussi d’une mutation du génome viral qui survient tous les 50 ans environ, et qui, contrairement aux glissements annuels, réalise un changement complet de l’architecture génomique. »
Alors que la grippe commune n’atteint que l’arbre bronchique, la forme maligne s’attaque au parenchyme, aux alvéoles, avec un œdéme parfois hémorragique. « C’est une vraie pneumopathie virale » poursuit le Dr Schœffler.
Hypoxie, désaturation, SDRA...
Cliniquement, après l’installation de signes généraux, fièvre, myalgies, grande fatigue et coryza, survient entre la 24e et la 72e heure une détresse respiratoire. « Une grippe classique, insiste le Dr Schoeffler, ne donne pas de signes respiratoires, sauf en cas de surinfection, mais dans ce cas, les signes respiratoires apparaissent plus tard vers le 5e jour. Là, l’hypoxie, la désaturation, le tirage et le balancement thoraco-abdominal qui signent le syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) sont rapidement au premier plan ».
Au SDRA peut s’associer une myocardite virale qui rend le pronostic encore plus sombre. La mortalité est de 30 à 50 %. Les sujets sont pris en charge dans les services de réanimation avec une assistance cœur poumon. Mais le pronostic lié à la technique elle-même est redoutable.
Les antiviraux ont une efficacité minime car sont le plus souvent administrés trop tard ; passé 72 heures, le virus a disparu de l’organisme et ces produits n’ont plus d’action. « La politique vaccinale qui avait été mise en place lors de la grippe H1N1 était principalement destinée à éviter ces grippes malignes » conclut le DR Schœffler.
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