« Depuis le confinement lié au Covid et la déprogrammation d’actes, on constate, à l’Hôpital Américain de Paris, une augmentation considérable des manifestations cardiovasculaires, avec des tachycardies, des palpitations, des sensations d'oppression », observe la Dr Sana Amraoui, cardiologue à l’Hôpital Américain de Paris (Neuilly-sur-Seine) lors d’un webinaire organisé par l’hôpital consacré au thème « Covid et cardiologie : quelle incidence depuis la crise sanitaire ».
Depuis la crise sanitaire et les confinements qui en sont le corollaire, il existe de fait une augmentation des facteurs de risque cardiovasculaires : sédentarité, stress et anxiété qui ont aussi entraîné une hausse des hypertensions artérielles (HTA), des troubles du rythme, des pathologies coronariennes. Ceci s’est accompagné d’une diminution des consultations de cardiologie et donc d’une baisse de la prévention et du dépistage.
HTA chez des sujets jeunes
La patientèle, qui n’est pas venue consulter pendant un à deux ans, arrive donc à l’hôpital avec des pathologies à des stades avancés, constatent les médecins. D’où une augmentation de l’urgence dans la prise en charge et des pathologies plus sévères. Autre constat dressé par la Dr Amraoui : « On retrouve beaucoup d’HTA chez des patients très jeunes, des pathologies coronariennes à des stades très avancés chez ce même type de patients, et des troubles du rythme à des stades également avancés et avec des pronostics plus engagés qu’avant le Covid », déplore-t-elle.
« Il existe aussi un retard de prise en charge en matière d’imagerie, car celle-ci s’est beaucoup concentrée sur le poumon en raison de la crise du Covid, constate le Pr Olivier Vignaux, radiologue à l’Hôpital Américain. On a ainsi vu des patients arriver tardivement pour des dépistages coronaires par scanner avec des pathologies évoluées. » Une étude (1) parue récemment dans « Nature Medicine » a d’ailleurs montré, dans une cohorte de 153 000 patients, qu'il y a une augmentation du risque de pathologie cardiaque chez les malades atteints de « Covid long ». Ce surrisque est de 73 % pour l’insuffisance cardiaque et de 63 % pour l’infarctus.
Péricardites et myocardites
Face à cette situation, la Dr Amraoui préconise que les patients atteints de Covid aillent consulter un cardiologue pour dépister l’éventuelle présence de complications cardiaques, notamment les péricardites ou les myocardites, qui ont une prévalence importante en post-Covid (20 à 30 % de sa patientèle). Cette consultation cardiologique systématique permettra donc de traiter ces affections afin de prévenir les complications à type d’insuffisance cardiaque ou de troubles du rythme.
Le Pr Vignaux précise aussi que deux examens complémentaires changent le diagnostic de ces affections cardiologiques. D’abord le scanner cardiaque qui visualise les artères coronaires. Puis l’IRM cardiaque, qui s’est également beaucoup développée, et qui permet de mettre à jour une éventuelle inflammation du muscle cardiaque.
Conférence de presse organisée par l'Hôpital Américain de Paris
(1) Y. Zie et al, Nature Medicine, février 2022. doi.org/10.1038/s41591-022-01689-3
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