Le risque de mortinatalité est presque doublé chez les femmes enceintes infectées par le Covid-19, selon une étude des CDC américains (Centres for Disease Control and Prevention), qui renouvellent leur appel à la vaccination avant ou pendant leur grossesse.
L’analyse a porté sur les données de plus de 1,2 million d'accouchements entre mars 2020 et septembre 2021 et enregistrés dans la base de données des hôpitaux. Deux périodes sont distinguées : avant l’arrivée du variant Delta (de mars 2020 à juin 2021) et après être qu'il soit devenu prédominant aux États-Unis (de juillet à septembre 2021).
Sur l’ensemble de la période, la mortinatalité (à partir de la 20e semaine) est restée rare et représentait 0,65 % des naissances, soit environ 8 154 mort-nés. Mais 273 mortinaissances (1,26 %) se sont produites parmi les 21 653 accouchements de femmes atteintes de Covid-19 et 7 881 (0,64 %) parmi les 1 227 981 accouchements sans Covid-19. Les auteurs soulignent qu’ils n’ont pas été en mesure de déterminer le statut vaccinal des patientes, ni la date de l’infection (avant ou au moment de l’hospitalisation).
Un risque accru avec Delta
Il reste que « le risque ajusté de mortinaissance était plus élevé pour les accouchements avec Covid-19 par rapport aux accouchements sans Covid-19 entre mars 2020 et septembre 2021 (RR ajusté à 1,90) », avec une différence entre les périodes avant Delta (RR ajusté à 1,47) et après Delta (RR ajusté à 4,04), est-il indiqué.
Dans le détail, plusieurs facteurs étaient associés à un risque accru de mortinatalité pour les accouchements avec Covid-19 : hypertension chronique, grossesse multiple, événement cardiaque indésirable, décollement placentaire, septicémie, syndrome de détresse respiratoire aiguë, ventilation mécanique et admission en soins intensifs. Pour chacun de ces facteurs de risque, « les associations étaient plus fortes pendant la période de prédominance de Delta », est-il noté.
« Des études supplémentaires sont nécessaires pour examiner le rôle des complications maternelles liées au Covid-19 sur le risque d'enfant mort-né », insistent les auteurs, rappelant qu’une revue sur les grossesses compliquées par une infection par le Sars-CoV-2 a identifié des anomalies histopathologiques placentaires, suggérant qu'une hypoperfusion et une inflammation placentaires pourraient survenir. « Ces résultats pourraient, en partie, expliquer l'association entre Covid-19 et mortinatalité », poursuivent-ils. Et, « les comparaisons des résultats placentaires (avant/après Delta, NDLR) pourraient améliorer la compréhension des raisons biologiques des différences observées », est-il ajouté.
Dose de rappel recommandée
Afin de réduire l'impact du Covid-19 sur les mortinaissances, les auteurs rappellent l’importance des stratégies de prévention « fondées sur des preuves, y compris la vaccination avant ou pendant la grossesse ».
En France, la dose de rappel n’est pas obligatoire pour les femmes enceintes, mais est fortement recommandée, comme le soulignait le Pr Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique, la semaine dernière.
Le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) et le Groupe de recherche sur les infections pendant la grossesse (CRIG) la jugent nécessaire « quel que soit le terme de la grossesse, lorsque le schéma initial date de plus de 6 mois ».
Les femmes enceintes, reconnues comme groupe à risque de formes graves par le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) et la Haute Autorité de santé (HAS), sont « d’une vulnérabilité particulière » face au Covid-19, notamment en cas de comorbidité. « Par rapport à une femme enceinte non infectée, il y a un risque multiplié par 18 d’admission en soins intensifs, par 2,8 de perte fœtale, par 5 d’admission du nouveau-né en soins intensifs et plus si comorbidité », rappelle un communiqué du CNGOF.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024