La maladie de Lyme n'en finit pas de faire couler de l'encre. « Nous demandons à nos tutelles une clarification de leur position pour nous aider à protéger les patients », indiquent dans un communiqué commun les 24 sociétés savantes à l'origine des nouvelles recommandations publiées en mai dans la revue « Médecine et maladies infectieuses » à la suite d'une saisie de la Direction générale de la santé.
« C’est pour défendre les patients que nous avons refusé de cautionner les recommandations publiées par la Haute autorité de santé (HAS), dont le manque de clarté induit des interprétations diverses et laisse la porte grande ouverte à des pratiques délétères. Un an après leur publication, ceci n’est pas un procès d’intention, mais un constat quotidien », interpellent les sociétés savantes. Elles remettent notamment en cause la notion de Lyme chronique.
Polémique autour du choix des centres de référence
Début juillet, lors du 5e comité de pilotage du plan national de prévention et de lutte contre la maladie de Lyme et les maladies transmissibles par les tiques, les cinq centres de référence pour la prise en charge des maladies vectorielles à tiques (CRMVT) ont été dévoilés, ravivant la polémique.
Contactés par « le Quotidien », Raouf Ghozzi, médecin spécialiste en médecine interne, président de la Fédération française contre les maladies vectorielles à tiques (FFMVT), et Hugues Gascan, directeur de recherche CNRS et secrétaire général de la FFMVT, regrettent que « tous les centres retenus partagent les positions de déni de la Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF), qui considère que le diagnostic et le traitement de la maladie de Lyme ne présentent pas de véritable difficulté, et dont les associations de malades dénoncent l’écoute insuffisante et le manque d’empathie ».
Précisant que la FFMVT ne représente qu'une minorité de médecins, les sociétés savantes soulignent que ces centres ont été choisis « pour leur qualité scientifique et leur expertise pour mener des projets de recherche, leur capacité à travailler de manière pluridisciplinaire et leur volonté de s’inscrire dans une démarche de démocratie sanitaire ».
Approche responsable et bienveillante
Elles en appellent ainsi aux tutelles de santé pour mettre fin à cette confusion et à l'errance diagnostique. « Si de nombreux patients craignant d’être atteints de maladie de Lyme souffrent de symptômes chroniques pénibles, parfois invalidants, ceux-ci sont peu spécifiques et peuvent être associés à de nombreuses maladies », rappellent les sociétés, qui estiment qu'une approche responsable et bienveillante permet d'orienter les patients vers une prise en charge adaptée et d'éviter les antibiothérapies abusives.
Les sociétés savantes demandent également qu'il soit interdit de proposer des tests et des traitements non validés.
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