À la suite des recommandations sur la borréliose de Lyme publiées en 2018, la Haute Autorité de santé (HAS) publie un guide du parcours de soins ville-hôpital structuré autour de trois niveaux de prise en charge : médecins de ville, centres de compétence et de référence des maladies vectorielles à tiques (CC MVT et CR MVT). Ce document, qui clarifie le rôle de chacun, est destiné à la fois aux patients et aux professionnels de santé.
« Les objectifs de ce guide sont de réduire l'errance médicale et d'offrir à tous les patients la même qualité d'accès aux soins », précise la HAS, rappelant que le ministère de la Santé a désigné, en juillet 2019, cinq CR MVT et labellisé une trentaine de CC MVT.
Érythème migrant chez le médecin traitant
Le guide précise l'articulation entre les différents acteurs et définit la conduite à tenir pour chacune des situations rencontrées, ainsi que l'autosurveillance par les patients eux-mêmes. En cas d'exposition à une piqûre de tique, le patient s'auto-inspecte le corps entier et, en présence d'une tique, l'extrait sans avis spécialisé à l'aide d'un tire-tique puis fait un signalement via CiTique. Le patient autosurveille la zone piquée pendant 1 mois à la recherche d'un érythème migrant.
Au niveau 1, le médecin traitant peut être sollicité en cas de difficultés à extraire la tique ou si des symptômes apparaissent dans le mois suivant la piqûre. « C'est lui qui assure la prise en charge des cas simples de borréliose de Lyme, caractérisés par un érythème migrant (rougeur s'étendant autour du point de piqûre, de plus de 5 cm de diamètre, et non douloureuse) », est-il indiqué. La prise en charge se limite à un traitement antibiotique, associé à une surveillance clinique. Ni sérologie de borréliose de Lyme, ni examen complémentaire ne sont nécessaires, est-il ajouté.
Quand solliciter les centres de compétences
Certaines situations moins évidentes nécessitent l'avis d'un centre de compétence MVT : absence d'érythème migrant mais présence, dans les 6 semaines suivant une piqûre de tique, d'autres signes évocateurs (fièvre, signes dermatologiques, articulaires ou neuroméningés, radiculite isolée, etc.). Le CC MVT peut également être sollicité « en cas d'échec thérapeutique, lorsque des examens complémentaires sont nécessaires (...) ou pour rechercher des diagnostics différentiels ». Cela peut se faire pour un simple avis par téléphone, mail, courrier ou via une téléconsultation, ou en adressant le patient en consultation sur place.
Pour les cas complexes nécessitant une expertise pluridisciplinaire ou en cas d'évolution défavorable ou pour inclure dans un protocole de recherche, il est recommandé de se diriger vers les CR MVT. Pourront alors être discutés des diagnostics différentiels ou associés, ou d'éventuelles secondes lignes de traitement (médicamenteux et non médicamenteux, dont rééducation et activité physique adaptée). « La fréquence et la durée du suivi sont discutées entre le médecin référent du centre de compétences ou de référence et le médecin traitant », indique la HAS, soulignant le caractère essentiel d'une prise en charge conjointe.
Après la polémique de 2018, une actualisation en cours
La Haute Autorité rapporte par ailleurs travailler à actualiser les recommandations de 2018, qui avaient entraîné à l'époque le vif désaccord de la Société de pathologie infectieuse de langue française (Spilf). Les infectiologues contestaient la reconnaissance d'une forme chronique de la maladie (ou « symptomatologie/syndrome persistant(e) polymorphe après une possible piqûre de tique », dit SPPT). Un an plus tard, en juin 2019, 24 sociétés savantes avaient cosigné leurs propres recommandations divergeant pour l'essentiel sur la prise en charge face à une symptomatologie somatique persistante.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?