Le groupe de travail américain pour les services de prévention (USPSTF) a rendu, ce mardi 2 mars, ses recommandations de lutte contre l'épidémie d'hépatite C. Pour la première fois, cet organisme préconise désormais de dépister tous les adultes, entre 18 et 79 ans. Dans la grande majorité des cas, les adultes n'ont besoin d'être dépistés qu'une seule fois dans leur vie, mais les adultes ayant des pratiques à risques de contamination ou appartenant à des groupes à risque (consommateurs de drogue injectable, HSH, population carcérale) doivent être dépistés annuellement. Cette mise à jour des précédentes recommandations, qui dataient de 2013, prend en compte les dernières évolutions de la prise en charge.
En effet, avec l'arrivée des antiviraux à action directe (AAD) en prise orale, il est désormais possible d'éliminer le VHC dans plus de 95 % des cas, en 4 à 6 semaines de traitement et sans effets secondaires. Une avancée majeure, comparée aux anciennes stratégies basées sur l'interféron, moins efficaces et accompagnées de forts effets secondaires. Cette nouvelle réalité thérapeutique a conduit les membres de l'USPSTF à réévaluer le bénéfice attendu d'une prise en charge précoce de l'infection lorsque cette dernière est encore asymptomatique.
« Il existe des preuves concernant le fait qu'obtenir une réponse virologique soutenue précocement permet de prévenir un certain nombre de comorbidités à long terme telles que la cirrhose, l'insuffisance hépatique, le cancer du foie et même des décès », justifient les auteurs des recommandations.
Un niveau de preuve encore modéré
Dans une revue de la littérature publiée dans le « JAMA », les auteurs de l'USPSTF ont intégré les résultats de 84 nouvelles études qui démontrent les gains en termes d'espérance de vie et d'espérance de vie en bonne santé associés à l'utilisation précoce des AAD. Ils reconnaissent toutefois qu'il n'existe pas encore de données épidémiologiques pour savoir si le dépistage universel permettrait d'augmenter significativement les chances de prise en charge précoce. « Le niveau de preuve reste modéré », précisent-ils.
En France, le dépistage universel de l'hépatite C est une revendication de l'AFEF (Association française pour l'étude du foie) et des associations de patients. En novembre dernier, la Haute Autorité de santé a estimé qu'un dépistage universel ne serait pas pertinent en France, lui préférant le dépistage ciblé sur les facteurs de risque. Des évaluations médico-économiques sont en cours pour préciser et/ou repenser les modalités de ce dépistage ciblé.
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