Ascabiol, traitement de référence de la gale, le plus utilisé, le mieux toléré, connu depuis 1932, qui associe deux principes actifs, deux acaricides, le benzoate de benzyle (10 %) et le sulfiram, n’est plus disponible depuis décembre 2 012. « Le produit est toujours en rupture de stock mais nous nous entretenons régulièrement avec le promoteur et nous avons bon espoir, ce n’est pas mort… » assure un représentant de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). En attendant, le traitement n’est pas aussi simple que la symptomatologie de la maladie. L’ ANSM assure disposer d’une stratégie couvrant les besoins thérapeutiques de l’ensemble de la population. Ce qui est vrai pour l’adulte l’est peut être moins pour l’enfant (voir ci-dessous).
Chez l’adulte, deux alternatives thérapeutiques sont disponibles en France, l’une par voie orale, le Stromectol 3 mg (ivermectine), l’autre Sprégal (esdépalléthrine/butoxyde de pipéronyle), lotion en flacon pressurisé (aérosol) contre-indiqué en cas de pathologies asthmatiformes. Ces traitements sont en accord avec les recommandations du Haut conseil de santé publique émises en 2 012 qui précisent « il n’y a pas de niveau de preuves suffisant pour recommander préférentiellement le traitement per os ou celui par voie locale. ».
Le HSCP précise toutefois « qu’il existe de nombreux arguments en faveur du traitement par voie générale par l’ivermectine : simplicité d’administration, bonne tolérance, absence de contre-indication majeure, remboursement par la sécurité sociale ». Malgré un faible niveau de preuve, un deuxième traitement une semaine plus tard, à J8, apparaît nécessaire pour trois raisons : les topiques sont inefficaces sur les œufs et les formes larvaires, le renouvellement du traitement augmente le taux d’efficacité, les pays anglosaxons recommandent un deuxième traitement.
Pour l’enfant, deux produits importés…
En pédiatrie, les recommandations de l’ANSM sont d’une part, comme chez l’adulte, d’utiliser les deux traitements disposant d’une AMM en France, Stromectol (excepté chez l’enfant de moins de 15 kg ) et Sprégal (contre-indiqué chez les sujets asthmatiques ainsi que chez les nourrissons ou les jeunes enfants ayant des antécédents de bronchite dyspnéisante avec sibilants) et, d’autre part, de produits importés de l’étranger. « Afin de couvrir les besoins pédiatriques, nous avons dû faire appel à deux médicaments qui n’existent pas en France » confirme l’ANSM.
Il s’agit de la perméthrine 5 % en crème, déjà recommandée dans de nombreux pays comme les États-Unis, le Royaume Uni, la Belgique, disponible grâce à un ATU nominative et de l’Antiscabiosium 10 % ( benzoate de benzyl sans sulfiram) importé d’Allemagne (pas autorisé avant 1 an) sous ATU également. En clair, deux produits dont la délivrance n’est qu’hospitalière. « Pour les patients, le circuit n’est pas si simple, reconnaît l’ANSM. Le médecin de ville doit être informé de la rupture d’Ascabiol, inscrire « Antiscabiosum » sur l’ordonnance laquelle est transmise par la pharmacie de ville à la pharmacie hospitalière la plus proche où le patient devra aller chercher son traitement. Un circuit un peu complexe s’agissant d’une maladie invalidante, contagieuse mais somme toute bénigne ».
Un nouvel " Ascabiol" ?
Côté des laboratoires Zambon se prépare une nouvelle " formule d’Ascabiol " dépourvue de sulfiram. Mais précise Zambon qui se dit très mobilisé, le développement est long. « Il faut trouver une formule stable, à la bonne posologie et refaire les dossiers de demande d’AMM auprès des autorités de santé. Si le produit n’est pas stable, nous serons dans l’obligation d’arrêter le développement », explique Béatrice Vincenti, pharmacienne responsable chez Zambon qui espère remettre à disposition des prescripteurs un nouveau produit dès 2 015. Ainsi, rien n’est encore certain.
Dans son rapport, le Haut Conseil de la santé publique recommandait que les traitements locaux soient remboursés et que la perméthrine topique dispose d’une AMM en France. Beaucoup reste à faire.
Haut Conseil de santé publique. Recommandations relatives à la conduite à tenir devant un ou plusieurs cas de gale. Rapport du groupe de travail. 9 novembre 2012.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024