Bloquer la synthèses des purines

Le talon d’Achille de P. falciparum

Publié le 12/12/2011
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UN GRAND pas vient d’être franchi dans la mise au point d’un traitement du paludisme. Après la découverte du talon d’Achille de Plasmodium falciparum, des chercheurs new-yorkais (Vern L. Schramm et son équipe de l’université Albert Einstein) ont montré l’efficacité potentielle, in vivo, d’une nouvelle classe thérapeutique. Il s’agit d’un inhibiteur enzymatique, BCX4945, qui fait partie du groupe des analogues de l’état transitionnel. Cette molécule serait susceptible d’être associée aux molécules actuelles.

P. falciparum connaît une grave faiblesse, il ne peut synthétiser directement les purines indispensables à son ADN. Schématiquement, il est obligé d’en synthétiser à partir d’un précurseur, l’hypoxanthine (parasitaire et issue des hématies), qui, sous l’action d’une enzyme la PNP (phosphorylase de la purine nucléosidique), est convertie en purine.

Les analogues des états transitionnels se sont montrés efficaces, in vitro, dans le blocage de la réaction enzymatique, qu’elle se passe au niveau humain ou parasitaire. Ils entraînent la mort du parasite. D’ailleurs des P. Falciparum privés génétiquement de PNP ne peuvent survivre même en présence d’hypoxanthine.

Il fallait passer à un modèle animal. Le singe-chouette (owl monkey) est le modèle du paludisme car seul primate susceptible de déclarer l’infection.

Trois singes ont été infectés par une souche parasitaire létale pour eux. Ils ont ensuite reçu deux fois par jour, pendant sept jours le BCX4945. Dès le 4e jour l’infection était jugulée. Ils sont restés indemnes de parasite pendant les 9 jours suivant l’arrêt du traitement. Une réinfection est réapparue, à ce terme, chez les trois singes, mais à un moindre niveau. Aucune toxicité médicamenteuse n’a été relevée un mois plus tard. En outre, le singe (et l’humain) n’a le même besoin vital de PNP que P. Falciparum.

Le traitement apparaît d’autant plus prometteur que les taux d’hypoxanthine sont plus bas chez l’homme que chez le singe. Mais des études de tolérance et de potentielles résistances thérapeutiques devront être menées.

PLoS ONE, novembre 2011, vol 6, n° 11, e26916.

 Dr GUY BENZADON

Source : Le Quotidien du Médecin: 9057