La France reste en tête des pays fortement consommateurs d’antibiotiques en Europe, malgré l’existence d’un plan national sur les antibiotiques, depuis 2001. En complément du plan national d’alerte sur les antibiotiques 2011–2016 (1), la ministre de la santé a créé en janvier 2015 un groupe de travail (« Task force ») sur les antibiotiques, dont la mission était d’être une force de propositions innovantes pour améliorer le juste usage des antibiotiques, suivant une approche « One Health », dans tous les secteurs – établissements de santé, EHPAD, ville, médecines humaine et vétérinaire, environnement…. Ce groupe de travail spécial pour la préservation des antibiotiques a été coordonné par le Dr Jean Carlet.
Des professionnels venant de tous horizons (médecins, pharmaciens, vétérinaires, sociologues, industriels, représentants des agences…) ont travaillé ensemble pour proposer des actions dans 5 domaines :
– évaluation du coût de l’antibiorésistance ;
– bon usage des antibiotiques ;
– communication, information et éducation ;
– recherche, innovation et nouveaux modèles médico-économiques ;
– antibiorésistance et environnement.
Le rapport final a été remis à la ministre le 30 juin 2015 (2) ; une version en anglais devrait être mise en ligne au printemps. Un délégué ministériel devrait prochainement être nommé par le ministère pour mettre en œuvre la déclinaison pratique des mesures proposées dans ce rapport.
Bon usage
À titre d’exemple, le groupe « Bon usage des antibiotiques », coordonné par la Pr Céline Pulcini, a émis plusieurs recommandations concernant la ville, les établissements de santé, les EHPAD, ainsi que la médecine vétérinaire. Les principales mesures promues par ce groupe sont :
– financer les équipes multidisciplinaires (incluant les référents en infectiologie) dans les établissements de santé et les centres régionaux de conseil en antibiothérapie en médecine ambulatoire ;
– augmenter la place du bon usage des antibiotiques dans la rémunération sur objectifs de santé publique ;
– produire de nouveaux indicateurs de suivi du bon usage dans les établissements de santé et dans les EHPAD ;
– éditer et harmoniser des recommandations nationales sur l’antibiothérapie ;
– limiter la durée de la première prescription d’antibiotiques à 7 jours ;
– mettre à la disposition des prescripteurs un « pack communication » composé d’une charte d’engagement publique sur le bon usage des antibiotiques, d’ordonnances spécifiques et de non-prescription d’une antibiothérapie, et de fiches synthétiques d’information sur l’antibiorésistance ;
– améliorer la formation initiale et continue des professionnels de santé ;
– renforcer les actions d’accompagnement envers les « gros prescripteurs » au moyen de plans d’actions ciblés.
Il ne reste plus qu’à espérer que tout le monde se mobilise pour changer les choses, et ainsi espérer pouvoir limiter l’émergence des bactéries multirésistantes.
Pr Céline Pulcini
Infectiologue au CHU de Nancy
(1) http://www.plan-antibiotiques.sante.gouv.fr
(2) http://social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/rapport_antibiotiques.pdf
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