En amont de la Journée mondiale du 24 mars, le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » est consacré cette semaine à la tuberculose. Si la maladie a diminué en France entre 2008 et 2014, elle reste « plus que jamais une maladie d’actualité », comme le souligne dans un éditorial le Dr Arnaud Trébucq de l'Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires. En 2016, une recrudescence du nombre de cas a été observée à Paris, avec 372 cas de tuberculoses maladies (TM) recensés contre 323 en 2015, soit une augmentation de 15 %. Cette augmentation est « sans doute en lien avec l’arrivée récente de patients jeunes primo-migrants, (…) vivant pour certains dans des conditions précaires ».
Le Dr Trébucq relève encore : « La tuberculose a toujours été un indicateur sensible des problèmes de société » et ce sont les populations les plus précaires qui payent le plus lourd tribut même si la maladie peut concerner toutes les populations, comme le montre la mini-épidémie récente dans un lycée des Pyrénées-Atlantiques (voir encadré).
Majoritairement des hommes nés à l’étranger
« En 2016, l’âge moyen des cas déclarés était de 40,6 ans, en baisse par rapport aux années précédentes (43 ans en 2015). Cela est en lien avec une hausse du nombre de cas de TM chez les adultes jeunes, qui a concerné presque exclusivement les 15-39 ans », indiquent les auteurs. Les personnes touchées étaient majoritairement des hommes, à 73 % (67,5 % en 2015).
Comme les années précédentes, les personnes ayant présenté une TM sont majoritairement (à 75,9 %) nées à l’étranger (d’abord en Afrique subsaharienne, puis en Asie et en Afrique septentrionale). « Le pourcentage des cas nés en Amérique et dans le reste de l’Europe était faible », ajoutent les auteurs. Les TM surviennent pour ces patients à 50,9 % dans les cinq premières années suivant leur arrivée en France (138 cas sur 271), et à 32,8 % dans les deux premières années (89 cas sur 271).
Une autre caractéristique des personnes touchées est qu’elles vivaient pour seulement 57,5 % d’entre elles en habitat individuel – les autres vivant en centre d’hébergement et de réinsertion sociale, en foyer, en centre d’hébergement d’urgence, en hôtel meublé ou dans la rue. Les arrondissements de l’est parisien présentaient une incidence plus élevée.
Résistance en baisse
Maigre bonne nouvelle : « le pourcentage de cas présentant une souche résistante à l’isoniazide (INH) et à la rifampicine (RFP) (souche MDR : Multi Drug Resistant), était de seulement 1,9 % vs 3,8 % en 2015 et 2,8 % au niveau national en 2014-2015. Les résistants à l’INH seul représentaient 15 cas (5,7 %) ; la résistance à la RFP seule représentait 6/271, soit 2,2 % des cas. La totalité des cas mono ou biorésistants étaient nés à l’étranger, essentiellement en Europe de l’Est (Géorgie) », précisent les auteurs, qui ajoutent que cette baisse s’explique sans doute par la diminution des migrants en provenance d’Europe de l’Est.
Pas besoin de revenir au BCG obligatoire
Pour les auteurs, puisque le nombre de cas chez les plus jeunes (moins de 12 ans) ne cesse de diminuer, il n’y a pas lieu, pour l’instant, de remettre en cause l’arrêt de l’obligation vaccinale par le BCG. En revanche, « un renforcement du dépistage actif des populations les plus vulnérables semble de plus en plus pertinent », concluent les auteurs.
Épidémie dans un lycée des Pyrénées-Atlantiques
Le « BEH » revient sur une épidémie survenue dans un lycée des Pyrénées-Atlantiques en mai-septembre 2016. Après 4 premiers cas de tuberculose enregistrés dans différents Centres de lutte antituberculeuse (Clat) d’Aquitaine, 2 804 personnes ont été dépistées. Ce qui « a permis de diagnostiquer 9 cas de tuberculose. Un total de 13 tuberculoses sont survenues au lycée. De plus, 218 infections tuberculeuses latentes (ITL) ont été diagnostiquées ». Le dépistage « a permis de stopper cette épidémie, d’une part en diagnostiquant 6 tuberculoses silencieuses qui n’avaient déclenché aucun signe clinique et, d’autre part, en traitant les ITL. » Cette épidémie « tend à prouver qu’une telle épidémie peut se développer dans n’importe quel milieu et région », soulignent les auteurs.
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