Le gouvernement italien a dégagé une enveloppe de 15 millions d’euros pour indemniser les familles des soignants et du personnel des urgences victimes du Covid-19 partis en première ligne durant la phase aiguë de la pandémie. Selon le ministère de la Santé transalpin, 370 soignants dont 216 médecins généralistes et pédiatres, 30 chirurgiens-dentistes, 90 infirmiers et 34 membres des équipes d’urgence (y compris des brancardiers) sont décédés dans le pays depuis le début de la pandémie en mars 2020.
Ce fonds d’indemnisation est destiné aux familles des 250 praticiens et paramédicaux décédés qui ne bénéficiaient pas de la couverture accordée par l’Institut national d'assurance contre les accidents sur le travail (Inail). En Italie, ce système est réservé aux professionnels de santé salariés, comme les médecins hospitaliers.
Inertie des assurances privées
En revanche, les médecins de famille, une partie des pédiatres et du personnel des urgences, qui sont conventionnés mais indépendants, doivent tous souscrire une assurance privée pour exercer leur profession. Mais contrairement à l’Inail, ces assurances estiment que la contamination ne peut pas être considérée comme un accident du travail.
Conclusion : l’Inail a indemnisé les familles de ses assurés victimes du coronavirus contrairement aux assurances privées qui n’ont pas bougé. « Elles interviennent seulement lorsque l’assuré souscrit une clause sur la prise en charge à 100 % en cas de maladie, ce qui est rare en Italie, le système de santé offrant une couverture universelle et la quasi-gratuité des soins. En général, les médecins conventionnés souscrivent des clauses sur leur responsabilité durant l’exercice de la profession », explique le Dr Marco Macri, gynécologue urgentiste à Rome.
Ping-pong entre le Sénat et le gouvernement
Pour combler le fossé de cette inégalité, le gouvernement de Mario Draghi a préparé une ébauche de dispositif à la mi-février ciblant l’indemnisation des familles des soignants conventionnés. Mais le Sénat a refusé d’entériner cette proposition et a renvoyé la balle dans le camp du gouvernement. Selon le Dr Carlo Palermo, secrétaire national de l’Association des médecins cadres (Anaao-Assomed) qui a suivi le dossier, « le Sénat a estimé que le montant du fonds d’indemnisation et son mode de financement étaient imprécis comme les bénéficiaires éventuels qui n’étaient pas bien indiqués ». Pour sa part, la Fédération nationale des ordres des médecins et chirurgiens-dentistes italiens (FNOMCEO) a qualifié cette décision « de regrettable et, surtout, d’occasion perdue ».
Confronté au désarroi des familles des victimes et à la colère des syndicats qui ont évoqué la responsabilité de l’État en raison notamment de la pénurie de matériel médical et de protections sanitaires individuelles, le gouvernement a donc décidé de s’engager dans un processus de réparation. « La création de ce fonds est une décision juste qui répare une grave injustice, plus de 250 familles ont perdu un être cher et elles sont aussi au bord du gouffre d’un point de vue économique, les aider est faire preuve de solidarité envers ceux qui sont morts pour la communauté », a estimé le Dr Filippo Anelli, président de la FNOMCEO.
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