Les symptômes de la sclérose latérale amyotrophique (SLA) sporadique seraient dus à des portions d’ADN de rétrovirus intégrées au génome humain depuis plusieurs générations. La confrontation entre les humains et les rétrovirus débouche en effet parfois sur l’intégration d’ADN du virus, rétrotranscrit à partir de l’ARN viral, dans le génome des cellules infectées. Ces dernières expriment alors des protéines virales qui peuvent se révéler pathogènes.
Ce phénomène a encore été décrit récemment. Les équipes des Pr Yves Levy et Didier Raoult ont démontré que l’intégration du génome du VIH permet à des patients de contrôler l’infection. Si cette appropriation de l’ADN virale a lieu dans les cellules germinales, alors elle devient un caractère héréditaire. On estime qu’environ 8 % du génome humain serait ainsi constitué d’« emprunts » faits aux rétrovirus, aussi appelés rétrovirus endogènes.
Les ARV soulagent la SLA
Selon le Dr Avindra Nath, de l’institut national américain spécialisé dans les désordres neurologiques et l’AVC (NINDS), qui a dirigé les travaux publiés mercredi dans « Science Translational Medicine », on observe que « des patients infectés par le VIH qui développent également les symptômes de la sclérose latérale amyotrophique (SLA). À partir du moment où ils sont mis sous antirétroviraux (ARV), leurs symptômes se réduisent également ». Les chercheurs se sont alors interrogés sur le rôle que pourrait jouer l’ADN de rétrovirus intégrer dans le génome de patient présentant sporadiquement des symptômes de la SLA.
Selon leurs résultats, l’expression des gènes hérités de rétrovirus, serait responsable de la neurodégénérescence observée chez des patients atteints de SLA sporadiques. Plus précisément, la production des protéines env constitutives de l’enveloppe virale serait en cause.
Les auteurs ont en effet observé que les protéines de l’enveloppe virale étaient exprimées dans les neurones corticaux et les neurones de la colonne vertébrale chez les patients atteints de SLA, alors que ce n’était pas le cas chez les volontaires non malades.
Un essai clinique en cours de recrutement
Lors d’expériences menées in vitro, les auteurs ont constaté que l’insertion du gène codant pour la protéine env s’accompagnait de l’atrophie des neurones et des prolongements des corps cellulaires des neurones (les neurites). Des animaux transgéniques exprimant la protéine env présentaient en outre des dysfonctionnements moteurs, une diminution du volume du cortex moteur, une baisse de l’activité des cellules pyramidales, des anomalies des épines dendritiques, des dysfonctions du nucléole et des dommages à l’ADN.
« La prochaine question que l’on peut se poser est celle de l’utilisation des antirétroviraux pour traiter les patients atteints de SLA », explique le Dr Nath, qui précise qu’un essai clinique est en cours de recrutement, au sein de son équipe de recherche des NINDS de Bethesda.
Article mis à jour le 2 octobre. Merci à @FlowJag et à @FigueroaThomas_ de nous avoir signalé une erreur dans notre texte initial.
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