Mamadou Dieng, socioanthropologue de formation, est responsable du projet Twin 2 H d'Expertise France sur l'hygiène hospitalière. L'objectif : en 8 ateliers répartis sur 21 mois, changer les pratiques d'une centaine de personnes (du professeur de médecine à la femme de ménage) des deux CHU de Guinée et des hôpitaux périphériques.
À l'origine du projet, le constat d'un manque criant d'hygiène dans les hôpitaux : « des soignants qui ne se lavent pas les mains, un matériel de chirurgie non stérilisé, des restes de repas dans les couloirs, des champs pas lavés, un mauvais tri des déchets, etc. », énumère Mamadou Dieng.
Pour faire changer les pratiques, il joue sur le « concernement », un concept venu de la psychiatrie : « il s'agit de travailler sur le ressenti, de s'indigner face à des situations, et ensuite, de réagir et faire changer », explique-t-il. « On ne juge pas. On ne dit pas la norme » poursuit-il. Il préfère d'ailleurs le terme d'atelier à celui de formation. « On travaille sur les représentations de l'hygiène, la praxis. Non sur les connaissances ».
La prise de conscience n'est pas évidente. « Les personnels ne se considèrent ni comme un problème, ni comme une solution à l'hygiène » explique Mamadou Dieng. La responsabilité du manque d'hygiène est souvent reportée sur l'extérieur : les bas salaires, les ressources humaines, le matériel, le temps, la formation... Certains grands patrons de médecine se réfugient même sur le plan intellectuel pour chercher des failles dans la méthodologie des formateurs, a constaté l'expert technique.
Mais grâce à des jeux de rôle, à du photolangage, les consciences s'émeuvent. « On demande aux participants de prendre trois photos de situations propices à l'hygiène dans leur service, et trois autres néfastes. À partir de là, ils voient, et peuvent élaborer un plan d'action ». La discussion éclaire aussi les impensés, comme la peur du gaspillage, qui peut conduire les personnels à remplir à ras bord une « safety box » d'aiguilles, alors qu'elle ne doit l'être qu'au trois-quarts pour des raisons de sécurité.
Passées les premières résistances, les comportements changent, assure Mamadou Dieng. Exemple : « Un grand professeur m'a rapporté qu'il ramasse lui-même les sacs plastiques qui traînent, et ne se contente plus d'appeler la femme de ménage. Un autre m'a dit qu'il jetait lui-même ses gants souillés au sortir d'une opération, sans demander à ses internes de les lui retirer ».
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