Alors que de premières données suggéraient un effet de la vaccination contre le Covid sur les symptômes prolongés de l’infection, des résultats issus de la cohorte française ComPare (communauté de patients pour la recherche de l’AP-HP), publiés dans le « BMJ Medicine », semblent conforter cet impact.
Dans cette étude, il s’agissait de déterminer si « les vaccins peuvent être un traitement en mesure de réduire les symptômes du Covid long », explique au « Quotidien » le Dr Viet-Thi Tran, épidémiologiste, co-investigateur de ComPaRe (université Paris Cité/AP-HP) et premier auteur. Pour évaluer ce potentiel, les chercheurs ont monté un essai « émulé », c'est-à-dire basé sur une méthodologie d’analyse de données visant à reproduire la conduite d’un essai contrôlé randomisé à partir de données observationnelles.
Cet essai s'appuie sur les données de la cohorte ComPaRe Covid long créée en octobre 2020 avec, dès le départ, un outil validé de mesure de la sévérité et de l’impact du Covid long. Les participants, tous atteints de Covid long et inclus avant le 1er mai 2021, ont été soumis tous les 60 jours à cette évaluation.
La vaccination a doublé le taux de patients en rémission
Au total, 910 patients (âge moyen de 47 ans et 80,5 % de femmes) ont été inclus dans les analyses : 455 dans le groupe vacciné et 455 dans le groupe contrôle. Ces 455 paires de personnes vaccinées et non vaccinées ont été appariées selon plusieurs variables telles que l'âge, le sexe, le niveau d'éducation, les comorbidités, l'hospitalisation pendant la phase aiguë de l’infection et la gravité du Covid long. « Les deux groupes apparaissent très comparables », souligne le Dr Tran.
Il en ressort d’abord que la vaccination a permis de réduire le nombre de symptômes persistants du Covid : à 120 jours, le groupe vacciné déclarait en moyenne 13 symptômes contre 14,8 dans le groupe contrôle. Surtout, la vaccination a doublé le taux de patients en rémission : 16,6 % contre 7,5 % (rapport de risque 1,93).
Concernant l’impact du Covid long sur la vie quotidienne, mesuré sur une échelle allant de 0 (aucun impact) à 60 (impact maximal), celui-ci est également réduit par la vaccination. À 120 jours, la note moyenne était de 24,3 chez les vaccinés contre 27,6 chez les non-vaccinés. Les injections ont aussi affecté la proportion de patients avec un état clinique affectant la vie quotidienne : 38,9 % dans le groupe des vaccinés contre 46,4 %.
Plusieurs interprétations sont possibles, estime le Dr Tran. « Cet effet de la vaccination nous donne une indication sur les mécanismes du Covid long. Pour au moins une partie des patients, la maladie est liée à des particules résiduelles de virus, à un réservoir caché ou à un mécanisme auto-immun qui est annulé par la vaccination », indique-t-il. Aussi, l’effet est extrêmement modeste avec en moyenne un nombre de symptômes qui diminue légèrement. « Mais il y a deux fois plus de patients arrivés à rémission dans le groupe des vaccinés », poursuit-il.
Il y a une petite partie de patients souffrant de Covid long qui répond bien à la vaccination, mais cette dernière ne modifiera pas le poids de la maladie pour la grande majorité des autres. « Ces différences sont sans doute liées à l’hétérogénéité même de la maladie, dont les manifestations et les séquelles sont très variables », souligne encore le Dr Tran.
Une publication à venir sur les trajectoires individuelles des Covid long
D’autres travaux sont en cours à partir des données de ComPaRe Covid long, grâce à la contribution des patients, tient à remercier le Dr Tran, encourageant la participation à la recherche, possible via une inscription sur le site de la cohorte. L’équipe a prépublié une étude sur les trajectoires individuelles des patients atteints de Covid long après deux ans de suivi.
Ce travail met en évidence diverses trajectoires associées à différentes caractéristiques, comorbidités et présentations de symptômes. « Pour 90 % des patients, la maladie s’améliore mais très lentement, avec sur deux ans, une réduction des symptômes de l’ordre de 10 %. Pour une petite frange de patients, l’amélioration est rapide, tandis que pour une autre frange, plus petite encore, la maladie ne s’améliore pas au cours du temps », détaille le Dr Tran.
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