Depuis le début de l'année, la dengue provoque une augmentation des passages aux urgences (518 du 1er janvier au 1er avril) et des hospitalisations (178 sur la même période) à La Réunion. En 2021, l'île totalise 6 188 nouveaux cas de dengue, dont la moitié est regroupée dans la commune de Le Port.
Cette vague épidémique arrive en pleine recrudescence des cas de Covid-19. La semaine du 12 avril, 918 nouveaux cas ont été détectés et 6 personnes sont décédées des suites de l'infection par le coronavirus. Et depuis le début de l'épidémie, 141 malades sont morts des suites de la maladie, dont 70 au cours des 6 dernières semaines.
L'épidémie de dengue est en phase ascendante, avec 23 des 24 communes de l'île touchées selon la préfecture. Entre le 5 et le 11 avril, 1 416 nouveaux cas ont été recensés, et deux personnes sont décédées.
Selon les données de l'agence régionale de santé (ARS) de la Réunion, la circulation de la dengue s’est accélérée en 2021 par rapport à la même période en 2020. L'ARS espère que l’arrivée progressive de l’hiver austral et les nouvelles campagnes de lutte antivectorielle parviendront à diminuer la circulation du virus. En général, le pic épidémique est franchi vers la fin du mois d'avril, voire au début du mois de mai.
Des cas de dengue plus sévères qu'en 2019
Cette année, plusieurs médecins de ville font état de patients atteints de formes plus sévères de la dengue que les années précédentes. Au-delà de la fièvre, des douleurs articulaires, de la perte d'appétit et de la fatigue chronique, la vue peut être affectée. « C'est un effet qu'on avait déjà observé l'an dernier mais qui heureusement n'entraîne pas de conséquences sur le long terme », note auprès de l'AFP la Dr Christine Kowalczyk, présidente de l'Union des médecins libéraux de la Réunion. Le virus peut également altérer le fonctionnement du foie. « Une conséquence dangereuse qui peut mener à une hospitalisation en cas de complication », poursuit la Dr Kowalczyk.
Questionné par « Le Quotidien du Médecin » l'année dernière sur ce sujet, le Dr Patrice Poubeau, chef du service des maladies infectieuses du CHU de la Réunion (groupe hospitalier Sud) suggérait la possibilité que « les cas de dengue secondaire soient plus sévères », précisant qu'il était difficile de le prouver. Les cas de dengue secondaire sont des cas de patients infectés une seconde fois par la dengue avec un nouveau sérotype (on en compte quatre au total).
Le fait d'être contaminé par le virus une deuxième fois « entraîne une réaction immunitaire plus forte. Comme il s'agit d'un autre sérotype, le virus se développe au lieu d'être arrêté », poursuit la Dr Kowalczyk.
Des nouveaux sérotypes
Jusqu'en 2019, on ne retrouvait sur l'Île de la Réunion que des infections par des virus de sérotype 2. Les autorités espéraient donc une décrue de l'épidémie, car les patients infectés par un sérotype donné sont immunisés à vie contre ce sérotype, mais leurs espoirs ont été douchés par l’arrivée des sérotypes 1 et 3.
« Il n'y a pas d'immunité croisée au long cours, explique le Dr François Chièze, directeur de la veille et sécurité sanitaire à l'ARS La Réunion jusqu'en février. Selon les données collectées à la Réunion, les patients exposés à un nouveau sérotype ne sont protégés que pendant une durée médiane de 13 mois. Ensuite, ils ne sont plus protégés que contre le premier sérotype auquel ils ont été exposés. À la Réunion, tout se passe comme si le sérotype 1 avait pris la place du sérotype 2. »
Le virus de la dengue circule à la Réunion depuis 2017, et plus de 40 000 malades ont été identifiés par le dispositif de surveillance entre 2018 et 2020, pour 120 000 infections estimées, entraînant plus de 1 700 hospitalisations et 42 décès.
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