Identifié pour la première fois en Arabie Saoudite en 2012, le coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS-CoV) cause une infection respiratoire sévère, similaire au SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) apparu en Chine en 2003, souvent fatale.
La mortalité élevée, estimée récemment à 40 %, et la transmissibilité interhumaine de ce virus, en particulier à l’hôpital, soulève des inquiétudes sur la possibilité d’une pandémie. L’Arabie Saoudite, enregistrant 339 cas dont 102 mortels et observant une recrudescence avec 26 nouveaux cas dont 10 fatals le week-end dernier, a maintenant demandé l’aide internationale pour lutter contre ce virus venu probablement des chameaux.
Deux études apportent maintenant une note positive en ouvrant la voie au développement d’un vaccin.
Un duo puissant identifié par une équipe chinoise
Une équipe chinoise a identifié deux puissants anticorps monoclonaux humains capables d’inhiber in vitro l’infection par le MERS-CoV. L’étude, financée en partie par le Ministère de la Santé chinois et le NIH américain, est publiée dans Science Translational Medicine.
En utilisant une bibliothèque d’anticorps humains et un échantillon viral procuré par l’université Erasmus (Pays-Bas), Jiang et coll. ont identifié deux anticorps monoclonaux (MERS-4 et MERS-27) qui agissent de manière synergique pour bloquer l’entrée du MERS-CoV dans la cellule cible ; ces Ac empêchent la fixation du virus au récepteur cellulaire DPP4.
« Ces Ac sont très prometteurs pour prévenir et traiter l’infection par le MERS-CoV et nous souhaiterions collaborer avec d’autres groupes pour développer ces puissants anticorps vers un usage clinique », confie au Quotidien le Dr Liwei Jiang de l’Université de Tsinghua à Pékin (Chine).
Leur prochain objectif : évaluer la sécurité et l’efficacité de ces Ac dans des modèles murins et primates. « Si tout se passe bien et s’il y a besoin d’un vaccin, ces anticorps pourraient être évalués en clinique dans un environ un an », estime Jiang.
Un candidat principal identifié par une équipe de Harvard
Une équipe de l’Institut du Cancer de Dana-Farber a Harvard a également identifié des anticorps monoclonaux humains qui bloquent la fixation du virus MERS au récepteur cellulaire DPP4. Leur étude, financée en partie par le Ministère de la Défense américaine et le NIH, est publiée dans les PNAS.
En utilisant une mégabibliothèque d’anticorps humains (27 milliards) et une souche virale isolée d’un patient diagnostiqué en Angleterre, Tang et coll. ont identifié 7 puissants anticorps neutralisants qui se fixent à 3 épitopes différents de l’interface virus-DDP4.
Par rapport à l’étude chinoise, ils ont conduit des expériences supplémentaires afin d’examiner comment le virus évolue lorsqu’il est exposé aux anticorps neutralisants. Les résultats suggèrent qu’il n’échappera pas facilement à la neutralisation par une combinaison d’Ac. Un des Ac (3B11) choisi comme principal candidat a été produit en quantité suffisante pour conduire des études de prophylaxie et de traitement chez les souris et les primates.
Interrogé par le Quotidien, le Dr Wayne Marasco (Harvard) qui a dirigé l’étude envisage un délai plus long que l’équipe chinoise pour débuter les essais cliniques de phase 1.« En règle générale, cela prend de 18 à 24 mois pour produire des Acm dans le respect des bonnes pratiques de fabrication requises pour obtenir l’autorisation de la FDA pour des essais de phase 1 » , explique-t-il.
Selon les chercheurs, l’immunothérapie pourrait être particulièrement utile pour les professionnels de la santé travaillant au front de l’épidémie. Parmi les 400 cas d’infections par le MERS-CoV, près de 100 sont survenus chez des professionnels de la santé.
Science Translational Medicine, 30 avril 2014, Jiang et coll., PNAS, Tang et coll., 28 avril 2014
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