À la veille de l’ouverture du Congrès Européen sur la microbiologie clinique et les maladies infectieuses (ECCMID) qui s’ouvre ce samedi à Copenhague, des spécialistes mettent en garde contre la progression de l’antibiorésistance en Europe et estiment que le nombre de décès pourrait atteindre le million d’ici à 2025.
Selon les dernières données disponibles, de 2009, entre 25 000 et 30 000 Européens décèdent chaque année, un chiffre qui, selon la Société européenne pour la microbiologie clinique et les maladies infectieuses (ESCMID), pourrait grimper à 50 000 morts par an au cours des dix prochaines années.
Dans un rapport de novembre 2014, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) estimait que les pays les plus affectés étaient la Grèce, l’Italie et l’Espagne avec des souches bactériennes résistantes, notamment Klebsiella pneumoniae ou Escherichia coli.
Bactéries sans frontières
« Les bactéries ne respectent pas les frontières, Il est donc fort probable que nous assistions à une propagation de microbes hautement résistants provenant des nations présentant un problème plus grave. Nous avons besoin de stratégies aussi bien européennes qu’internationales ainsi que d’initiatives nationales, car le problème ne restera pas local très longtemps », a commenté Murat Akinova, président de l’ESCMID.
En juin 2014, la « World Alliance Against Antibiotic Resistance », une alliance regroupant 700 personnes de 55 pays, créée pour sensibiliser le public sur l’urgence et la gravité du danger de l’antibiorésistance, s’était déclaré en faveur d’une action d’urgence et avait formulé un plan de lutte dans chaque pays. La ministre de la Santé, Marisol Touraine, avait annoncé en novembre 2014 la mise en place d’un groupe de travail sur la préservation des antibiotiques. Leurs propositions sont attendues dans quelques mois, à l’été 2015.
Prévalence de plus en plus importante en France
« À présent, nous commençons à assister à une propagation aussi bien hospitalière que communautaire de bactéries multirésistantes (par exemple, des entérobactéries). Il existe par ailleurs une prévalence de plus en plus importante en France de la résistance chez des espèces bactériennes typiquement hospitalières comme P. Aeruginosa et A. baumannii. », a expliqué Patrice Nordmann, spécialiste en microbiologie de l’ESCMID et professeur en microbiologie à l’Université de Fribourg, en Suisse. Détecter très tôt les patients résistants et investir dans le diagnostic rapide est, selon le scientifique, primordial. « Il n’y a pas de solution simple, mais nous devons agir maintenant avant que le problème ne commence à toucher un nombre critique de personnes et qu’il ne donne lieu à une épidémie européenne majeure », poursuit-il. Des mesures seront discutées ce week-end lors du congrès de Copenhague.
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