Un rebond des symptômes de Covid après Paxlovid peut être observé, mais reste très rare, annoncent des chercheurs de la Mayo Clinic. Si les symptômes étaient le plus souvent légers, le phénomène intrigue, restant pour l'instant sans explication claire.
Ce travail, publié dans « Clinical Infectious Diseases », se base sur le suivi d'une cohorte rétrospective de 483 patients à haut risque traités par l'association orale de nirmatrelvir/ritonavir. Le rebond était défini comme la récurrence de symptômes Covid après la prise complète des cinq jours de l'antiviral oral et était évalué jusqu'à 30 jours après. Alors qu'il n'est pas recommandé de se tester dans les 90 jours suivant une infection à Sars-CoV-2, les tests Covid permettant d'objectiver une réplication virale ne sont pas disponibles.
Seuls quatre participants (0,8 %) ont présenté de nouveau quelques symptômes post-traitement, en médiane neuf jours après. « Tous se sont résolus sans traitement additionnel dirigé contre le Covid-19 », précisent les auteurs. Au final, le traitement s'est révélé bénéfique pour tous.
Dans la cohorte, les patients, âgés en médiane de 63 ans, étaient pour la plupart vaccinés et beaucoup avaient reçu une dose de rappel. Bien qu'ils étaient à haut risque, aucun n'était immunodéprimé. Seuls deux patients ont été admis à l'hôpital et le motif était autre que le Covid-19.
Concernant les quatre patients concernés, l'équipe dirigée par la Dr Aditya Shah détaille leur histoire clinique : un patient coronarien de 75 ans a présenté une toux plus forte et des douleurs musculaires 19 jours après le traitement ; une femme de 40 ans, obèse, hypertendue et insuffisante rénale une asthénie et un mal de gorge 6 jours après ; un homme de 69 ans, hypertendu et obèse, une rhinite et de la toux 10 jours après ; et un homme de 70 ans, obèse, hypertendu, dyslipidémique et ayant un antécédent de cancer de la prostate une congestion sinusale 10 jours après.
Le cas clinique d'un chercheur en infectiologie
Cette étude paraît quelques jours après celle du cas clinique du chercheur américain spécialiste du VIH, David Ho, dans le « Jama ». Ironie du sort, ce directeur du centre de recherche sur le sida Aaron Diamond à la Columbia University s'est contaminé au Sars-CoV-2 à l'occasion d'un voyage à Paris en avril dernier pour un congrès sur le Covid.
Fait curieux, son test PCR s'est négativé avec le traitement avant de se positiver de nouveau. Le scientifique très scrupuleux, qui a pris l'antiviral oral dans les 12 heures suivant les premiers symptômes, précise qu'à J4 son test PCR s'était négativé et que les symptômes avaient disparu. Il a levé son isolement, mais a continué à se tester quotidiennement. Après six tests antigéniques et un test PCR négatif, il s'est réveillé un matin en petite forme et s'est retesté immédiatement : le test antigénique était positif, un résultat confirmé par PCR.
Quelques autres cas ont été rapportés et les centres de prévention et de contrôle des maladies (CDC) américains ont publié un avis, confortant que les symptômes sont le plus souvent légers.
Beaucoup d'hypothèses, aucune certitude
Comment expliquer le phénomène ? Est-ce dû à la maladie ou au médicament ? La question n'est pas tranchée. Mais dans leur avis, les CDC écrivent qu' « un bref retour des symptômes peut faire partie de l'histoire naturelle du Sars-CoV-2 chez certaines personnes, indépendamment d'un traitement par Paxlovid et quel que soit le statut vaccinal ». D'ailleurs, une analyse d'Epic-HR, l'essai phare du Paxlovid, a montré qu'environ 1 à 2 % des patients des deux groupes (placebo et Paxlovid) étaient testés positifs après avoir été négatifs, suggérant l'absence de lien avec le traitement. Il est possible également que le variant Omicron présente un pic plus tardif et/ou mette davantage de temps à s'éliminer que la souche originale. D'autres hypothèses sont évoquées : l'introduction est-elle trop précoce ? La durée de traitement est-elle suffisante ? Mais sans aucune certitude.
Pour les chercheurs de la Mayo Clinic, des études prospectives sont nécessaires pour répondre à ces questions, soulignant que les quatre patients concernés dans leur étude avaient des comorbidités compliquant la récupération. Pour le Dr Carlos del Rio, infectiologue à la faculté de médecine Emory, alors que les médecins ont peur des interactions médicamenteuses chez des patients candidats souvent polymédiqués, « le plus gros challenge que nous rencontrons actuellement avec ce médicament, c'est qu'il n'est pas autant prescrit qu'il le devrait », écrit-il dans la discussion du cas clinique sur David Ho.
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