Les personnes souffrant de symptômes dépressifs au début de la pandémie de Covid auraient eu un risque trois fois plus élevé de présenter des symptômes persistants six à dix mois plus tard, met en évidence une étude française publiée dans « Molecular Psychiatry ». Fait surprenant, cette association était retrouvée aussi bien chez les personnes infectées par le Sars-CoV-2 que chez les individus non infectés.
Pour explorer le potentiel prédictif des symptômes de dépression et d'anxiété dans l’apparition de symptômes persistants (fatigue, troubles cognitifs…), les auteurs se sont appuyés sur les données de 25 114 participants (âge moyen de 48,72 ans ; 51,1 % de femmes) de l’enquête transversale Sapris (Santé, perception, pratiques, relations et inégalités sociales en population générale pendant la crise Covid-19 et son pendant Sapris-Sérologie) de la cohorte Constances.
Les symptômes persistants ont été autodéclarés entre décembre 2020 et janvier 2021. Après un suivi de six à dix mois, 9,3 % des participants avaient été infectés par le Sars-CoV-2 et 17 % ont signalé au moins un symptôme persistant apparu à partir de mars 2020.
Les symptômes persistants lors du suivi étaient également associés au sexe féminin, à l'âge avancé, au fait d'être un fumeur actuel ou passé, à un indice de masse corporelle plus élevé, à une moins bonne santé auto-évaluée avant la pandémie et à des antécédents de Covid-19.
La présence de symptômes dépressifs apparaît comme le prédicteur le plus puissant des symptômes persistants chez les participants, qu’ils aient été infectés et non infectés. « Cette découverte suggère que les mécanismes reliant les symptômes de dépression et d'anxiété à l'incidence de symptômes persistants pourraient ne pas être spécifiques à l'infection par le Sars-CoV-2 », écrivent les auteurs.
Une interaction complexe
Plusieurs hypothèses sont avancées. Certaines caractéristiques cliniques fondamentales du Covid long, sont également des symptômes somatiques fréquents des troubles dépressifs ou anxieux, est-il souligné. « Ce chevauchement peut expliquer en partie pourquoi les symptômes de dépression et d'anxiété étaient si fortement associés à la fatigue et à un manque d'attention ou de concentration, par rapport à d'autres symptômes persistants », expliquent les auteurs, qui relèvent également que « la dépression est associée à une propension à éprouver des symptômes physiques non spécifiques ».
Autre hypothèse, la dépression et l'anxiété peuvent partager certains facteurs de risque avec les symptômes persistants. Par exemple, « la dépression est associée à une inflammation de bas grade ou à une altération du fonctionnement du système nerveux autonome, deux mécanismes putatifs du Covid long », poursuivent les auteurs. Mais cette hypothèse n'explique pas l'association trouvée chez les participants non infectés.
Des mécanismes psychologiques, liés notamment à l’incertitude, peuvent ainsi être envisagés, estiment-ils. Ce serait alors l'intolérance à l'incertitude qui expliquerait à la fois la vulnérabilité à la détresse psychologique et les symptômes persistants de toute nature. « Cela pourrait expliquer en partie pourquoi les symptômes de dépression et d'anxiété ont été associés à un risque accru de développer des troubles somatiques fonctionnels tels que le syndrome du côlon irritable ou la fibromyalgie », est-il indiqué.
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