Covid long : persistance des symptômes à long terme et complexité du syndrome confirmés dans la cohorte Constances

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Publié le 15/04/2022
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Crédit photo : PHANIE

Après ComPaRe de l'AP-HP, c'est au tour de la cohorte épidémiologique française Constances d'apporter son éclairage sur le syndrome prolongé lié au Covid-19, communément appelé Covid long. Dans le « Lancet Regional Health – Europe », les chercheurs de l’Inserm, de l’Université Paris-Saclay et de Sorbonne Université à l’Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique, en collaboration avec l’ANRS-Maladies infectieuses émergentes, montrent que des symptômes peuvent persister plusieurs mois après une infection au Sars-CoV-2 et soulignent le lien avec la présentation clinique initiale.

Du fait des symptômes multiples et fluctuants associés, le Covid long demeure mal compris. C'est pourquoi de nombreuses équipes de recherche s'attellent à mieux en définir la prévalence et les spécificités. Dans la littérature, les symptômes persistants le plus souvent rapportés sont la dyspnée, l’asthénie, des douleurs articulaires et musculaires, des problèmes cognitifs, des troubles digestifs ou encore l’anosmie/dysgueusie (perte d’odorat et de goût). En dehors de l'anosmie/dysgueusie, ces symptômes ne sont pas spécifiques du Covid. L'enjeu de l'étude a donc été de déterminer les symptômes les plus étroitement associés à une infection par le Sars-CoV-2.

Un troisième questionnaire plusieurs mois plus tard

Les chercheurs se sont appuyés sur les données de 25 910 volontaires issus de la population générale de la cohorte Constances. Lors de la première vague, ils ont répondu à deux questionnaires sur la présence de symptômes dans les 15 jours précédents. Tous ont ensuite eu un test sérologique pour rechercher un antécédent d'infection entre mai et novembre 2020 avant de répondre à un troisième questionnaire entre décembre 2020 et février 2021. Ce dernier portait sur les symptômes ayant persisté ou persistant depuis au moins deux mois (qu'il s'agisse de symptômes recherchés lors des deux premiers questionnaires ou de nouveaux comme les troubles de la concentration et de l’attention).

Les chercheurs ont constaté que les personnes ayant eu un Covid symptomatique et présentant une sérologie positive rapportaient plus d’anosmie/dysgueusie, de dyspnée et de fatigue persistantes que les individus séronégatifs pour le Sars-CoV-2. Une analyse statistique a aussi montré qu'ils sont plus fréquemment observés en cas de symptômes typiques lors de l’infection Covid initiale.

Ces résultats reflètent la complexité du Covid long, en soulignant le fait que les symptômes persistants peuvent être liés au virus, à la présentation clinique initiale et à d’autres causes non spécifiques.

« Nos résultats confirment l’importance de l’expression clinique de l’épisode infectieux initial dans le risque de développer des symptômes persistants, soulignent les auteurs. Ils peuvent aider à guider les politiques publiques en apportant des données plus précises sur le type de symptômes persistants de Covid et en incitant à développer des stratégies de prise en charge plus efficaces ». Promouvoir des thérapies et des approches préventives, comme la vaccination, qui réduisent les symptômes lors la phase aiguë de la maladie pourrait aussi avoir un effet bénéfique sur les états post-Covid, lit-on. 


Source : lequotidiendumedecin.fr