« Les femmes enceintes n’attrapent pas plus le Covid-19 que les autres mais, quand elles en sont atteintes, elles ont cinq fois plus de risques de faire une forme sévère que les femmes non enceintes. Autrement dit, à profil égal, les femmes enceintes ont cinq fois plus de risques d’être hospitalisées et de se retrouver en réanimation », souligne le Pr Cyril Huissoud chef du service de gynécologie et obstétrique aux Hospices civils de Lyon. Pour le secrétaire général du CNGOF, il est impératif de rappeler cela avant d’aborder le sujet de la vaccination : oui, la grossesse est en elle-même un facteur de risque de faire une forme grave de Covid. De plus, la maladie affecte directement la grossesse et augmente les risques de prééclampsie et de prématurité. « La prééclampsie est 2 à 4 fois plus fréquente chez les patientes qui font un Covid que chez les autres, et elle entraîne des naissances prématurées, avec toutes les séquelles que cela implique pour l’enfant, ajoute le Pr Huissoud. En outre, même quand il s’agit d’une forme bénigne, il peut y avoir des atteintes placentaires très graves. Le fœtus est touché via le placenta, ce qui entraîne des retards de croissance, ou des morts fœtales in utero », ajoute le gynécologue-obstétricien.
Efficacité vaccinale
« Face à ce double constat, la vaccination est plus que jamais la solution, insiste le Pr Huissoud. Il faut que tous les soignants tiennent le même discours, quitte à rappeler certains messages clés :
- Primo, le vaccin ne passe pas la barrière placentaire et il ne touche pas le fœtus ;
- Deuzio, les vaccins n’induisent pas de lésions placentaires donc il n’y a pas de crainte à avoir sur ce point : on n’observe pas plus de morts fœtales, de fausses couches ou de malformations quand la femme enceinte est vaccinée ;
- Tertio, l’efficacité des vaccins à ARN messager est largement reconnue pour prévenir les formes graves de Covid-19. »
« Nature Medicine » a présenté début septembre les résultats d’une étude pour laquelle 10 861 femmes enceintes vaccinées (vaccin ARNm BNT162b2) ont été appariées sur leurs caractéristiques démographiques et cliniques à 10 861 femmes enceintes témoins non vaccinées. Dans cette étude, l’efficacité estimée du vaccin de 7 à 56 jours après la deuxième dose était de 96 % pour toute infection documentée, de 97 % pour les infections avec symptômes documentés et de 89 % pour les hospitalisations liées au Covid-19. « Le vaccin a une efficacité élevée chez les femmes enceintes, similaire à celle estimée dans la population générale », résume le Pr Huissoud.
Dès le premier trimestre
La vaccination peut d’ailleurs avoir lieu sans crainte dès le début de la grossesse. « La recommandation d’attendre la fin du premier trimestre est devenue obsolète avec la mise en place du passe sanitaire l’été dernier, explique le Pr Huissoud. Il était auparavant conseillé d’attendre la fin du premier trimestre, en raison des risques de fausse couche inhérents à toute grossesse, pour éviter les amalgames (dire que la fausse couche est la conséquence de la vaccination). Désormais, il faut que les femmes enceintes puissent se faire vacciner rapidement. » Avec un double objectif : se protéger, et protéger leur bébé. « Pendant quelques mois, les anticorps maternels vont bénéficier au nouveau-né. C’est encore un point positif », note-t-il.
Exergue OU photo : « Il faut que tous les soignants tiennent le même discours, et rappellent les messages clé »
Entretien avec le Pr Cyril Huissoud, chef du service de gynécologie et obstétrique aux Hospices civils de Lyon et secrétaire général du CNGOF
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