De nouveaux résultats, une méta-analyse publiée dans « The Lancet Respiratory Medicine » et des données en vie réelle diffusées via un communiqué par le laboratoire Gilead, apportent de nouveaux éclairages sur les bénéfices du remdesivir (Veklury) dans le Covid.
Recommandé en France pour la prise en charge des patients atteints de Covid depuis la perte d’efficacité des anticorps monoclonaux face aux derniers sous-lignages d’Omicron en cas de contre-indication au Paxlovid (nirmatrelvir/ritonavir), l’antiviral Veklury a été jusqu’ici associé à des résultats contradictoires dans les études cliniques internationales menées depuis 2020 pour évaluer son impact sur la mortalité chez les adultes hospitalisés pour Covid.
Un bénéfice pour les patients hospitalisés sans assistance ventilatoire intensive
La méta-analyse a été réalisée par une équipe de recherche suisse dirigée par le Pr Matthias Briel, en collaboration avec des chercheurs français et l'équipe de biostatistiques de la plateforme européenne EU-SolidAct. Elle a inclus les données de huit essais contrôlés randomisés, pour lesquels les auteurs ont pu récupérer les données individuelles de 10 480 patients, non vaccinés et hospitalisés pour Covid entre le 6 février 2020 et le 1er avril 2021.
À J28, 12,5 % (662 sur 5 317) des patients du groupe remdesivir et 14,1 % (706 sur 5 005) des patients du groupe contrôle sont décédés (odds ratio ajusté [aOR] = 0,88). Mais, dans un sous-groupe de patients sans oxygénothérapie ou avec une assistance en oxygène à faible débit, un effet plus marqué de l’antiviral est observé sur la survie. Chez ces patients, 9,1 % (409 sur 4 473) de ceux du groupe remdesivir sont décédés contre 11,2 % (465 sur 4 159) de ceux du groupe contrôle (aOR = 0,80). Sur les quatre semaines de suivi, le remdesivir a réduit la mortalité de 2 % chez ces patients, entraînant 20 décès de moins pour 1 000 patients.
En revanche, « le bénéfice pour les patients bénéficiant d'une assistance ventilatoire intensive reste incertain », ce qui pourrait être dû à la petite taille de l'échantillon, relève le Dr Alain Amstutz, premier auteur de l'étude, dans un communiqué.
Par ailleurs, le nombre de jours sans ventilation mécanique était plus élevé dans le groupe remdesivir (rapport ajusté du taux d'incidence = 1,05) et les patients recevant du remdesivir avaient un meilleur état clinique avec un moindre recours à l’assistance respiratoire à J28 (aOR = 0,87) et à J14 (0,88).
L’analyse n’a pas montré d’effet différencié de l’antiviral selon l'âge, les comorbidités, l'utilisation de corticostéroïdes ou divers marqueurs d'inflammation élevée. Le traitement n'a pas non plus conduit à une sortie plus précoce de l'hôpital et n'a pas augmenté la fréquence des événements indésirables graves.
Ces résultats apparaissent conformes aux directives actuelles de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui recommandent le remdesivir pour les patients atteints de formes graves mais non critiques, soulignent les auteurs.
Des bénéfices plus larges selon Gilead, notamment chez les immunodéprimés
En parallèle de cette publication, le fabricant du remdesivir, Gilead, diffuse les résultats de trois études rétrospectives en vie réelle sur plus de 500 000 patients hospitalisés. Ces données « tirées de la pratique clinique », selon le laboratoire, rapportent une réduction du risque de mortalité, quels que soient les besoins en oxygène ou la sévérité de la maladie et quel que soit le variant concerné, est-il indiqué dans un communiqué.
D'après les résultats de ces travaux, le traitement administré dans les deux jours chez les patients sans oxygénothérapie était associé à une réduction de 19 % du risque à J28. Chez les patients sous oxygène à bas débit ou haut débit, le risque à J28 était également en baisse de 21 % et de 12 %, respectivement. Chez ceux sous ventilation mécanique invasive dès l'inclusion, la réduction était de 26 %, toujours à J28. Une analyse spécifique a également mis en évidence une probabilité significativement plus faible (27 %) d'être réhospitalisé dans un délai de 30 jours, tout groupe confondu.
Une autre analyse révèle par ailleurs une moindre mortalité dans les populations vulnérables, comme les patients immunodéprimés, « chez qui des infections répétées peuvent survenir, y compris au cours d’un traitement », est-il souligné. Dans cette population, la prise de l’antiviral était associée à une réduction globale de 25 % du risque, et ce à toutes les périodes : pré-Delta (35 %), Delta (21 %) et Omicron (16 %).
Enfin, selon une analyse in vitro présentée à la 30e Conférence sur les rétrovirus et infections opportunistes (Croi) qui s'est terminée ce 22 février, l’antiviral conserve son efficacité contre les derniers sous-variants d'Omicron, dont XBB, BQ 1.1, BA.2.75, BA.4, BA.4.6 et BA.5.
L’arrivée de ces sous-variants a mis en échec les combinaisons d’anticorps monoclonaux disponibles. En France, la seule option thérapeutique recommandée repose désormais sur les antiviraux Paxlovid, en première intention, et Veklury, en cas de contre-indication au Paxlovid.
En l'absence de contre-indication pour le remdesivir, notamment rénale, le traitement est à administrer par perfusion intraveineuse sur trois jours. Il est à démarrer « le plus précocement possible après le diagnostic du Covid et dans les 7 jours suivant l'apparition des symptômes », rappelait récemment l’Agence nationale de sécurité du médicament et de produits de santé (ANSM).
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