Quelle est la proportion réelle des cas de réinfections que l’on dit souvent sous-estimée ? Une étude danoise tente d’apporter une réponse plus précise avec la première analyse à large échelle : l’équipe coordonnée par le Dr Steen Ethelberg du Statens Serum Institut à Copenhague s’est appuyée sur les données de la stratégie de test Covid-19 nationale du Danemark, à laquelle ont participé plus de deux tiers de la population (69 %) en 2020, soit quatre millions de personnes.
Selon ce travail publié dans « The Lancet », une infection antérieure au Covid protège fortement contre le risque de second épisode : seuls 0,65 % des 525 339 individus de la cohorte étudiée (n = 72) ont eu deux PCR positives, l’une lors de la première vague (mars à mai 2020) et l’autre lors de la seconde (septembre à fin décembre). Le risque de réinfection s’est révélé similaire dans une autre cohorte composée de 2,5 millions de personnes, la différence étant d’évaluer ce risque tout au long de l’épidémie, et pas seulement lors de la seconde vague.
Protéger les sujets âgés, même s’ils ont eu le Covid
La cohorte danoise met en lumière que les sujets âgés de plus de 65 ans présentent un risque plus élevé de réinfection, avec une protection contre une nouvelle infection de 47 % par rapport à 80 % pour les plus jeunes. Ces résultats sont un argument supplémentaire pour prioriser la vaccination aux plus âgés. Ce qui fait dire à Steen Ethelberg dans un communiqué : « alors que les sujets âgés sont aussi plus à risque d’avoir des symptômes de la maladie plus sévère, et de décéder malheureusement, nos résultats montrent clairement combien il est important de mettre en place des politiques de protection des plus âgés durant la pandémie, et ce même s’ils ont déjà eu le Covid ». L’auteur souligne que cela inclut à la fois les mesures de distanciation et la vaccination.
Une immunité persistante mais… insuffisante
Élément intéressant, les auteurs ont mené une analyse chez les soignants en raison de leur risque élevé d’exposition au virus. Dans ce sous-groupe, la protection conférée contre une seconde infection s’est révélée identique à celle de la population générale. De plus, dans l’étude, la protection est globalement restée stable pendant plus de six mois. La Dr Daniela Michlmayr du Statens Serum Institut, l’une des autrices de l’étude, fait remarquer à ce sujet dans un communiqué : « les coronavirus proches SARS et MERS ont tous les deux montré conférer une protection immunitaire contre la réinfection durant plus de trois ans », tout en soulignant néanmoins que la durée de l’immunité conférée doit encore être déterminée pour le Covid.
Il reste que l’étude n’a pris en compte que la souche originale du SARS-CoV-2. En conséquence, il est difficile d’en garder des certitudes vis-à-vis des variants qui circulent actuellement. Et pour deux chercheurs de l’Imperial College de Londres, les Prs Rosemary Boyton et Daniel Altmann, le niveau de protection affiché après infection naturelle n’est pas si rassurant : « seulement 80 % de protection contre une réinfection en population générale, diminuant à 47 % chez les plus de 65 ans, ce sont des chiffres bien plus préoccupant que ceux des études antérieures », écrivent-ils dans un éditorial.
Et de poursuivre : « ces données confirment, s’il en était besoin, que pour le SARS-CoV-2, l’espoir d’une immunité protectrice à travers les infections naturelles n’est pas à notre portée selon toute vraisemblance et un programme de vaccination mondial avec des vaccins de haute efficacité est la solution durable ».
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