Un premier signal de sévérité accrue du variant Delta était venu de résultats préliminaires écossais, publiés dans « The Lancet ». Dans une nouvelle étude, publiée dans « The Lancet Infectious Diseases », des chercheurs de l’agence sanitaire Public Health England (PHE) et de l'université de Cambridge confirment que le variant Delta double le risque d’hospitalisation par rapport au variant Alpha.
Leur analyse a porté sur les données de 43 338 cas positifs au Covid-19, enregistrés en Angleterre entre le 29 mars et le 23 mai 2021 et soumis à un séquençage génomique. Parmi eux, 34 656 avaient été infectés par le variant Alpha (80 %) et 8 682 par le Delta (20 %), ce dernier étant devenu dominant en Angleterre au cours de l’étude. Les trois quarts des patients (74 %) n'étaient pas vaccinés et un quart (24 %) n'avait reçu qu'une seule dose, les personnes complètement vaccinées ne représentant que 1,8 % des contaminations.
Des patients hospitalisés plus jeunes avec le variant Delta
Dans les 14 jours suivant le premier test positif, 2,3 % des cas de variant Delta ont été hospitalisés, contre 2,2 % des cas de variant Alpha. En ajustant les données selon l’âge, le groupe ethnique et le statut vaccinal, le rapport de risque ajusté (HR) s’élève à 2,26. Le risque de passages aux urgences était également 1,5 fois plus élevé pour les personnes infectées avec Delta par rapport à celles touchées par le variant Alpha.
« Les patients avec le variant Delta étaient plus jeunes (âge médian 29 ans) que les patients avec le variant Alpha (âge médian 31 ans) », relèvent les auteurs, soulignant également une plus grande proportion de patients d'origine asiatique ou vivant dans le nord-ouest de l'Angleterre ou à Londres dans le groupe Delta.
Aucune différence significative dans le sous-groupe des vaccinés
Dans le sous-groupe de patients vaccinés (≥ 21 jours après la première dose de vaccination, avec et sans deuxième dose), aucune différence significative n'a été détectée entre les infections par l’un ou l’autre des variants. Et, « les estimations de risque pour le variant Delta par rapport à Alpha chez les patients vaccinés étaient limitées par une faible précision et des intervalles de confiance larges », est-il précisé.
« Notre analyse met en évidence qu'en l'absence de vaccination, toute épidémie Delta imposera un fardeau plus lourd sur les systèmes de santé qu'une épidémie Alpha », souligne la statisticienne de l’université de Cambridge, Anne Presanis, coauteur de l'étude. « Nous savons déjà que la vaccination offre une excellente protection contre Delta et, alors que ce variant représente plus de 98 % des cas de Covid-19 au Royaume-Uni, il est vital que ceux qui n'ont pas reçu deux doses de vaccin le fassent dès que possible », ajoute l’épidémiologiste de PHE, Gavin Dabrera, également coauteur.
Pour le Dr David Strain, de l’université of Exeter, ces résultats ne sont pas une surprise au vu de la capacité de réplication du variant Delta (jusqu'à 1 000 fois plus de copies produites lors de la réplication) et de la modification de la protéine Spike lui permettant de pénétrer plus facilement les cellules. « Cette combinaison de plus nombreuses copies virales et d'une meilleure pénétration cellulaire rend probable que les cellules, les tissus et les organes soient submergés avant que le système immunitaire, en particulier celui d'un individu non vacciné, n'ait eu la chance de monter une défense », commente-t-il auprès de l’agence britannique « Science Media Center ».
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