L'emploi d'autotests améliore très significativement la qualité d'un programme de dépistage de l'infection par VIH dans une population d'hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes (HSH). C'est ce qui ressort d'une étude publiée dans le « JAMA Internal Medicine » par les chercheurs des Centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) et de l'université d'Atlanta.
Les auteurs ont suivi pendant 12 mois 2 665 participants HSH reportant avoir des pratiques à risque d'infection, inclus dans un programme de dépistage. La moitié d'entre eux, sélectionnés aléatoirement, se sont vus confier 4 autotests.
Au bout d'un an de suivi, 74,7 % des participants avaient répondu au moins une fois à un questionnaire en ligne, et les auteurs constataient une meilleure adhérence au dépistage chez les participants à qui des autotests ont été remis. En effet, 76,6 % d'entre eux ont déclaré s'être fait dépister au moins 3 fois au cours du suivi, contre 22 % dans le groupe sans autotests. Par ailleurs, le nombre d'infections diagnostiquées dans le groupe doté d'autotests était 2 fois supérieur : 25 contre 11, soit une incidence de 1,9 contre 0,8 %.
En France des conditions de dispensation trop réduite
Le Dr Michel Ohayon dirige le 190, un centre de santé sexuelle parisien. S'il estime que les autotests constituent effectivement un outil important pour améliorer la fréquence et la pertinence du dépistage, il regrette « un mode de dispensation totalement à revoir : les dispositifs disponibles en officine sont chers et les modes de dispensation gratuits (CEGIDD, certaines associations et centre de santé sexuelle) sont peu nombreux et mal répartis sur le territoire. Au final, cela ne touche que des populations à faible risque », constate-t-il.
Il existe 3 autotests disponibles sur le marché français : l'Autotest VIH, du laboratoire AAZ vendu depuis septembre 2015 en pharmacie, en ligne et auprès de certaines associations habilitées pour un prix compris entre 18 et 30 euros. L'autotest Exacto, du laboratoire Biosynex, est lui disponible dans les pharmacies depuis juillet 2018, pour un prix moyen de 10 euros. Enfin l'Autotest VIH INSTI est lui disponible en officine depuis novembre 2016, pour un prix compris entre 22 et 25 euros. « Un test en laboratoire, qui a lui valeur de diagnostic, coûte 12 euros », rappelle le Dr Ohayon.
Un autre reproche formulé par le Dr Ohayon est la mention obligatoire sur les notices d'une fiabilité des autotests limitée à la détection des infections au VIH datant de plus de 3 mois. « Il ne faut pas inciter à retarder la réalisation d'un test ! Affirme-t-il. La Grande majorité des infections peut être diagnostiquée au bout de 3 semaines, seuls quelques très rares cas ne sont indétectables qu'au bout de 3 mois. »
Au 190, le Dr Ohayon et son équipe ont commencé une étude d'acceptabilité visant à expérimenter un nouveau mode de dispensation des autotests. « L'idée est de confier des autotests aux hommes qui viennent au 190, afin qu'ils puissent les redistribuer à leurs partenaires sexuels, détaille-t-il. Cela nécessite d'étudier un certain nombre de difficultés, comme le fait qu'un participant pourrait être inquiété pour exercice illégal de la pharmacie. Nous serions les premiers à faire cette expérience en France, alors que ce mode de dispensation existe depuis 5 ans dans les pays africains. »
Selon les dernières données en la matière de Santé Publique France, environ 73 000 autotests ont été distribués en France en 2017, soit un nombre comparable à celui de 2016 (74 650). À titre de comparaison, 55 770 TROD ont été réalisés en 2017 avec un taux de positivité plus élevé (7,3 TROD positifs pour 1 000 TROD réalisés) que celui des sérologies réalisées par les laboratoires.
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