NÉOVACS, société de biotechnologie française fondée en 1993 et spécialisée dans l’immunothérapie active des maladies autoimmunes et inflammatoires, a annoncé cet été des résultats complémentaires dans le lupus, sur un IFNα-kinoïde actuellement testé en phase I/II. Les objectifs sont d’établir la tolérance, la réponse immunitaire induite par cette molécule ainsi que de déterminer un ou des dosages avec lesquels seront éventuellement menées des études de plus grande ampleur. Cette équipe travaille également avec un TNF-kinoïde dans la polyarthrite rhumatoïde et la maladie de Crohn, où elle mène deux études de phase II.
Le principe d’utilisation de ces molécules est d’induire une réaction immunitaire transitoire chez le receveur, qui développera des anticorps recherchés. « Aujourd’hui, l’immunothérapie passive (les anticorps monoclonaux) connaît un succès majeur mais ne répond pas à tous les besoins médicaux : il y a une perte progressive d’efficacité, le suivi du traitement est contraignant, avec une fréquence d’administration élevée, et les coûts en limitent l’utilisation », estime Guy-Charles Fanneau de la Horie, PDG de Néovacs.
L’étude IFN-K-001 a été effectuée chez 28 patients souffrant d’un lupus léger à modéré (SLEDAI* compris entre 4 et 10), selon un schéma d’escalade progressive, comprenant quatre niveaux de dose (30, 60, 120 et 240 µg) avec une randomisation aveugle entre l’IFNα-kinoïde et le placebo à un ratio de 3/1. Trois injections étaient prévues, à J0, 7, 28, plus une quatrième à J84 pour la moitié des patients.
Les résultats complets de cette étude, dont les données sur les trois premières doses ont été présentées à l’European Lupus Meeting de Porto, seront bientôt publiés. Pour l’heure, le laboratoire a dévoilé ses analyses sur le dernier groupe de patients, ayant testé la dose la plus élevée (240 µg : six patients traités et deux placebo), et sur le suivi à 84 jours.
De manière intéressante, alors que 80 % des patients, toutes doses confondues, présentaient une réponse immunitaire à 56 jours, la production d’anticorps anti-interféron est observée chez 100 % des patients à 84 jours. Ce pourcentage varie entre 0 et 15 % dans le groupe placebo. Dans le groupe 240 µg, les anticorps apparaissent rapidement, dès le jour 28 chez certains patients, au jour 56 chez 100 % des patients. La tolérance est bonne dans ce groupe : deux effets secondaires majeurs ont été relevés, l’un sous placebo (poussée lupique), l’autre sous traitement, après arrêt intempestif par la patiente du traitement de fond corticoïde.
Gènes surexprimés.
Par ailleurs, une analyse intermédiaire a été réalisée chez les vingt premiers patients, ayant testé les trois doses les plus faibles. Les chercheurs se sont intéressés à ceux qui présentaient la signature génétique interféron la plus forte (250 gènes dont l’IFNα induit la surexpression) : trois étaient sous placebo et huit sous kinoïde. À J38, une nette diminution des gènes surexprimés est observée dans le groupe traité (p< 0,0001).
Bien que ces données soient très préliminaires, elles pourraient ouvrir une piste de développement de ce type de molécule chez des patients ciblés. « Nous ne sommes pas les premiers à avoir l’idée de faire produire directement au patient les anticorps de son traitement, remarque le Dr de La Horie. Mais lever la tolérance vis-à-vis d’une protéine endogène est très difficile. Pour ce faire, nous avons couplé des IFN recombinantes à une grosse protéine porteuse, extraite d’un mollusque marin. » Ce complexe induit une réponse polyclonale. « Nous ne vaccinons pas contre la cytokine cible. Il n’y a pas de réponse cellulaire et pas d’anticorps bloquant », complète-t-il.
Si elle venait à être validée, l’immunothérapie active présenterait indéniablement un avantage en termes de coût : non seulement la production en elle-même est moins onéreuse que celle des anticorps monoclonaux, mais surtout les quantités injectées sont environ 10 000 fois moindres, cela
à la fois parce que la quantité par injection est plus faible (de l’ordre µg versus mg) et la fréquence d’administration vraisemblablement beaucoup moins élevée.
D’après une conférence de presse organisée par Néovacs, le 26 juillet 2011.
* Systemic Lupus Erythematosus Disease Activity Index
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