Chez les patients de 12 ans et plus atteints d’une forme sévère de la maladie de Behçet (vasculaire ou neurologique), recevant des corticoïdes, un traitement d’induction par infliximab, un anti-TNFα, est associé à un meilleur taux de rémission que le traitement d’induction par cyclophosphamide, un agent alkylant. Telles sont les conclusions d’une étude menée par les équipes du département de médecine interne et immunologie clinique de l’hôpital Pitié-Salpêtrière (AP-HP), de Sorbonne Université et de l’Inserm. Les résultats ont été publiés dans le New England Journal of Medicine Evidence.
« Le syndrome de Behçet est une maladie inflammatoire chronique multisystémique qui évolue par poussées et qui peut toucher la peau, les muqueuses, les articulations, les yeux, les artères, les veines, le système nerveux central et le système gastro-intestinal », rappellent les auteurs.
Le cyclophosphamide et les corticoïdes ont longtemps été le traitement standard d'induction de la rémission, mais les effets indésirables combinés de ces deux traitements peuvent augmenter les comorbidités liées aux thérapies. « Ces problèmes de sécurité soulignent la nécessité de stratégies d'induction de la rémission plus sûres et plus efficaces dans les cas graves de syndrome de Behçet », estiment les auteurs, alors que des données suggèrent que l'infliximab est prometteur dans cette indication.
Entre mai 2018 et avril 2021, 52 patients atteints d’un syndrome de Behçet sévère ont été inclus dans l’essai Itac impliquant 21 centres français ; 71,1 % étaient atteints d’une forme vasculaire et 28,9 % d’une forme neurologique. Les patients ont été randomisés en deux groupes selon un ratio 1:1, recevant de l'infliximab par voie intraveineuse (5 mg/kg aux semaines 0, 2, 6, 12 et 18) ou du cyclophosphamide (0,7 g/m2 par voie intraveineuse aux semaines 0, 4, 8, 12, 16 et 20, avec une dose maximale de 1,2 g/injection). Tous les patients ont reçu des corticoïdes.
Moins de rechutes avec l’infliximab
Sur l'ensemble des patients, 69 % ont atteint une réponse complète, définie par une rémission clinique, biologique et radiologique avec une dose quotidienne de prednisone ≤ 0,1 mg/kg à la semaine 22, 73 % parmi ceux avec une atteinte vasculaire et 60 % parmi ceux avec une atteinte du système nerveux central.
Le taux de réponse complète était de 81 % dans le groupe infliximab et de 56 % dans le groupe cyclophosphamide. Les auteurs ont également montré que la probabilité a posteriori qu'au moins 70 % des personnes traitées aient obtenu une réponse complète à la semaine 22 était de 97,4 % pour l'infliximab et de 6 % pour le cyclophosphamide.
Par ailleurs, 71 % des patients sous infliximab et 57 % de ceux sous cyclophosphamide ont obtenu une réponse complète en termes d’atteinte du système nerveux central à la semaine 22. Concernant les autres manifestations de la maladie de Behçet, des améliorations cliniques ont été observées dans les deux groupes, sans différence significative. Le taux de rechute était de 4 % dans le groupe infliximab et de 16 % dans le groupe cyclophosphamide.
Le traitement par infliximab était associé à moins d'effets indésirables légers à modérés que le traitement par cyclophosphamide, avec 29,6 % des patients recevant de l'infliximab concernés contre 64 % de ceux recevant du cyclophosphamide. Le taux d’événements indésirables sévères rapportés était de 15 % et 12 %, respectivement.
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