LES ALLERGIES, en particulier respiratoires, sont de plus en plus fréquentes. Elles sont certes liées à des facteurs génétiques mais également environnementaux et à notre mode de vie. À ce titre, elles peuvent être considérées comme une maladie de civilisation. L’industrialisation et/ou l’urbanisation pourraient ainsi être responsables des exacerbations des sensibilités respiratoires des populations.
Aujourd’hui plus de 25 % des Français souffrent d’allergies respiratoires, alors qu’ils n’étaient que 3 % en 1968. Mais les sujets allergiques ne souffrent pas tous de la même maladie. Au sein de cette population, 15 % souffrent d’une allergie respiratoire qualifiée de « sévère », dont la fréquence et l’intensité des symptômes rendent cette maladie véritablement handicapante. Car les allergies respiratoires sévères ont de réels impacts, aussi importants que méconnus : sommeil de mauvaise qualité qui provoque somnolence diurne et irritabilité, baisse des performances au travail, évitement de certaines activités, difficulté à passer des examens en période pollinique, mais également impacts pour la société à travers les coûts induits.
L’allergologie.
Fort heureusement, la médecine a su accompagner cette progression des allergies respiratoires. Médecine de l’environnement, l’allergologie propose des solutions adaptées pour traiter les individus souffrant d’allergie respiratoire sévère : à côté des traitements médicamenteux symptomatiques et de la réduction de l’exposition aux allergènes lorsqu’elle est possible, les allergologues disposent de l’immunothérapie allergénique, appelée également désensibilisation. En exposant, de façon répétée, le patient à la substance responsable de son allergie respiratoire, l’immunothérapie allergénique s’apparente à une « vaccination thérapeutique ». Ses effets sont rapides et peuvent se poursuivre dans le temps, après arrêt du traitement.
Des programmes de recherche.
Grâce à la recherche, cette thérapie a progressé ces dernières années. Ce qui était une démarche empirique répond aux exigences de la recherche thérapeutique. Les traitements autrefois administrés par piqûres, sont désormais accessibles sous formes de gouttes sublinguales et aujourd’hui de comprimés enregistrés en tant que spécialités pharmaceutiques. Cent ans après sa découverte, l’immunothérapie est empreinte de modernité, avec un vrai potentiel éclairé par des programmes de recherche aussi importants que nécessaires. En France, près de 250 000 patients sont aujourd’hui efficacement traités chaque année par désensibilisation. Ce qui reste modeste au regard des 16 millions d’allergiques en France car l’offre de soins est devenue de plus en plus pertinente et scientifiquement fondée. En effet, l’immunothérapie s’adresse aux patients dont l’allergie a été établie et qui ressentent un réel handicap malgré un traitement symptomatique bien conduit.
Au-delà de la phase diagnostique et thérapeutique, il ne faut pas oublier la phase éducative en informant le mieux possible les patients. C’est le rôle des médecins mais également de la société tout entière et des décideurs de mieux faire connaître ces pathologies, véritables maladies de civilisation liées tout autant à notre génétique qu’à notre mode de vie et qui touchent un quart de la population française.
Hopital Arnaud de Villeneuve (Montpellier), Président de la Société Française d’Allergologie
Hôpital Larrey (Toulouse), Vice-président de la Société de Pneumologie de Langue Française
Professeur à la Faculté de Médecine, Membre de l’Institut de France et de l’Académie Nationale de Médecine, Ancien Président de la Société Française d’Allergologie
Centre Hospitalier Lyon-Sud Immunologie clinique et allergologie (Lyon), Président du conseil scientifique de la Société Française d’Allergologie
Université de la Méditerranée (Marseille), Président de la Fédération française d’allergologie, Ancien Président de la Société Française d’Allergologie
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