Sécheresse, fatigue et douleur

Le Plaquenil inefficace dans le Gougerot-Sjögren primaire

Publié le 21/07/2014
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L’hydroxychloroquine agit en inhibant la voie des interférons, hyperactivée au cours de certaines maladies auto-immunes comme le syndrome de Gougerot-Sjögren primaire (GS).

L’hydroxychloroquine étant l’immunomodulateur le plus prescrit dans le syndrome de Sjögren, les résultats négatifs de l’étude JOQUER ont de quoi surprendre. « Le Plaquenil est très souvent prescrit dans cette maladie, indique le Pr Jacques-Éric Gottenberg. Un patient sur deux a été traité ou reçoit actuellement ce traitement (données de la cohorte française ASSESS). Pourtant, dans la littérature, il y a 1 seul essai contre placebo, et qui a seulement inclus 19 patients, en "cross over" … ».

Pour l’anecdote, l’essai a pu être monté car Sanofi Aventis disposait déjà de comprimés de placebo qui avaient été fabriqués pour un essai clinique de traitement par Plaquenil dans les arthropathies liées au Chikungunya mandaté par le Ministère de la santé.

Pas d’effet à la 24e semaine

Cent vingt patients recrutés dans 15 hôpitaux universitaires hexagonaux entre avril 2008 et mai 2011, ont été randomisés en deux groupes, 64 dans le groupe placebo et 56 dans le groupe thérapeutique (Plaquenil 400 mg/j) pendant 24 semaines. Les patientes (90 %) étaient âgées de 56 ans en moyenne. Avec comme critère principal de jugement une réduction d’au moins 30 % sur une échelle visuelle analogique (allant de 0 à 10) de 2 des 3 symptômes principaux, à savoir la sécheresse, la douleur et la fatigue, il n’a pas été observé d’effet significatif à la 24e semaine de traitement. « Sur la sécheresse, la douleur et la fatigue, le Plaquenil n’est pas efficace à 6 mois », confirme le Pr Gottenberg.

Il n’y a donc pas d’argument pour prescrire de façon systématique le Plaquenil dans les formes non compliquées de syndrome de Sjögren. De plus, dans les analyses post-hoc faites à la demande du « JAMA », le Plaquenil n’est pas efficace quel que soit le sous-groupe de patients, le symptôme analysé et le critère d’amélioration évalué. « Mais, précise le Pr Gottenberg, l’objectif de notre essai n’était pas d’évaluer le Plaquenil dans les complications systémiques (articulaires, cutanées...) du GS ; le Plaquenil peut notamment être utile dans les arthralgies et les polyarthrites liées au GS et il ne faut pas arrêter ce traitement lorsqu’il est efficace et bien toléré ».

Les auteurs soulignent l’intérêt d’évaluer les effets du Plaquenil à plus long terme. « Cet essai négatif nous a encouragés à débuter un nouvel essai évaluant une biothérapie anti-IL6 (tocilizumab) dans les complications systémique du syndrome de Sjögren ».

Dr Anne Teyssédou

Jama juillet 2016 Vol 312, N°3


Source : Le Quotidien du Médecin: 9343