« Si on fait une moyenne de l’ensemble des praticiens, temps pleins et temps partiels, on arrive à environ 47 % de postes vacants dans les hôpitaux en radiologie (41 % des temps pleins et 53 % des temps partiels, selon le rapport CNG 2015) : la situation est extrêmement préoccupante en termes de santé publique », explique le Pr Frank Boudghène, président du syndicat des radiologues hospitaliers (SRH). « Ce n’est pas facile pour un service en sous-effectif d’être attractif et de faire venir de nouveaux praticiens. Le moindre départ peut déstabiliser l’équipe et inciter d’autres médecins à s’en aller. C’est un cercle vicieux difficile à enrayer », ajoute-t-il.
Ces services de radiologie ressentent aussi une forte pression pour assurer la permanence des soins. « Il faut une certaine masse critique de praticiens pour assurer un tour de garde satisfaisant mais aussi pour pouvoir créer des binômes de radiologues spécialisés, très utiles pour continuer à fonctionner normalement avec les congés, les formations et les congrès. Cette tension est d’autant plus forte qu’aujourd’hui, la radiologie est de plus en plus surspécialisée. Un radiologue à l’hôpital doit être capable de faire face aux problèmes graves les plus fréquents (embolie pulmonaire, occlusion intestinale, hémorragie méningée), mais aussi de répondre à la demande des collègues cliniciens de l’hôpital pour des diagnostics plus pointus », explique le Pr Frank Boudghène.
Une prime de 10 000 à 30 000 €
Ces dernières années, diverses mesures ont été annoncées pour renforcer l’attractivité des carrières hospitalières. « En 2016, nos organisations syndicales ont obtenu de Madame Marisol Touraine l’attribution de primes pour favoriser l’engagement des jeunes diplômés dans une carrière médicale hospitalière et fidéliser les praticiens investis durablement pour le service public », ajoute-t-il. Entrée en vigueur par un décret du 14 mars 2017 (n° 2017-326), la prime d’engagement dans la carrière hospitalière est ciblée pour des spécialités ayant un taux important de postes vacants au niveau national et/ou territorial. En contrepartie de la prime versée, le praticien s’engage à passer le concours de praticien hospitalier et à rester, une fois titularisé, au moins 3 ans à ce poste. « Cette prime est de 10 000 € pour les jeunes radiologues ou anesthésistes du fait des difficultés de recrutement à l’échelon national, à laquelle peut s’ajouter une prime locale de 20 000 € pour un poste dans une spécialité en difficulté dans un établissement (après avis ARS) », précise le Pr Boudghène.
« Nos organisations syndicales ont également obtenu de Marisol Touraine un deuxième palier de l’indemnité d’engagement de service public exclusif (IESPE) pour valoriser l’engagement durable des praticiens à l’hôpital, sans exercice libéral », note le Pr Boudghène. Ce nouveau palier, dont le montant s’élève à 700 euros, est attribué aux praticiens réalisant un service public exclusif depuis au moins 15 ans.
Exergue ici : « il faut appliquer la loi ! »
« Ces mesures vont dans le bon sens mais, malheureusement, on constate que, localement, certaines directions hospitalières traînent des pieds pour verser ces primes », regrette le Pr Boudghène, en réclamant aussi, de la part des directeurs d’hôpitaux, la mise en application de la troisième plage horaire pour l’utilisation des équipements radiologiques. « Aujourd’hui, un praticien ne peut pas, réglementairement, faire des journées de plus de 10 heures. Mais il est très fréquent que, dans certains endroits, les équipements continuent de fonctionner au-delà des heures ouvrables pour répondre aux besoins des patients et réduire les délais d’attente. Pour les radiologues qui travaillent lors de ces plages horaires supplémentaires, il faut appliquer la loi, en leur octroyant une compensation en termes de temps de travail additionnel, qui puisse être récupéré ou payé », indique le Pr Frank Boudghène.
Il est indispensable que l’ensemble de ces mesures minimales d’attractivité soient appliquées, si on veut réduire la désertification des services de radiologie en cours à l’hôpital, avec les conséquences potentielles graves qu’elles risquent d’entraîner en termes de santé publique.
D’après un entretien avec le professeur Frank Boudghène, président du syndicat des radiologues hospitaliers (SRH).
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