LES TROIS-QUARTS des femmes en âge de procréer et sexuellement actives utilisent un moyen contraceptif. Dans 85 % des cas, il s’agit d’une méthode médicale, prescrite dans 40 % des cas par un généraliste, rappelle le Dr Olivier Jourdain. En France, la pilule est le moyen le plus utilisé. Chez les femmes de moins de 35 ans, elle représente près de 75 % des méthodes de contraception. Le dispositif intra-utérin (DIU) vient en deuxième position, mais il reste très peu utilisé chez les moins de 30 ans. En revanche, c’est la méthode de choix au-delà de 45 ans, où il supplante la pilule. Celle-ci représente quand même un tiers des moyens contraceptifs dans la tranche d’âge 45-54 ans, note le Dr Jourdain. Le préservatif masculin est surtout utilisé chez les jeunes. Quant aux autres méthodes, implant, anneau, patch, contraception définitive, elles restent confidentielles. Des pratiques qui se distinguent nettement de celles d’autres pays, notamment des pays anglo-saxons, où la contraception définitive est la principale méthode contraceptive, devant la pilule et, très largement, devant le DIU. La contraception définitive reste en fait très peu connue dans notre pays, y compris au sein du corps médical. Un petit tour de table des généralistes réunis à Bordeaux à l’occasion de ce « Rendez-vous du Quotidien » en atteste. Certains praticiens font bien référence à la ligature des trompes, citée comme une méthode de dernier recours lorsqu’une grossesse est contre-indiquée pour raison médicale. Mais rares sont ceux qui savent qu’il existe une autre méthode, non invasive, la mise en place, par voie hystéroscopique, d’implants dans les trompes. Méthode indiquée en première intention quand la femme fait le choix d’une contraception définitive. En effet, la loi du 4 juillet 2001 relative à l’interruption volontaire de grossesse et à la contraception autorise le recours à la stérilisation à visée contraceptive pour toute femme majeure. Cette loi en précise les conditions. Elle est donc autorisée pour les personnes majeures ayant « exprimé une volonté libre, motivée et délibérée en considération d’une information claire et complète sur ses conséquences ; à l’issue d’un délai de réflexion de quatre mois après la première consultation médicale ; et après une confirmation écrite par la personne concernée de sa volonté de subir une intervention ». Comme le fait remarquer le Dr Jourdain, « dans la loi, c’est la femme qui décide ».
Un taux d’IVG qui ne diminue pas.
Malgré la large diffusion de la contraception dans notre pays, le recours à l’IVG ne baisse pas. Depuis 2001, leur nombre se maintient autour de 200 000 par an et, plus d’une fois sur cinq, elle concerne une femme de plus de 35 ans. « 200 000 IVG contre 800 000 naissances, c’est énorme », note le Dr Jourdain. Face à cette situation préoccupante, l’IGAS a publié, en 2009, des recommandations pour « la prévention des grossesses non désirées ». Parmi les mesures préconisées, la promotion des méthodes contraceptives de longue durée, mais aussi la présentation de tous les moyens, y compris la contraception définitive. « Il faut élargir le choix pour trouver la meilleure méthode pour chaque femme », insiste le Dr Jourdain. Comme l’indiquent les recommandations de L’HAS, il convient de « présenter la stérilisation (ou contraception définitive) parmi les moyens de contraception ».
Les deux méthodes de contraception définitive offertes aux femmes sont donc la ligature des trompes par voie cœlioscopique et la procédure hystéroscopique. La voie cœlioscopique se fait sous anesthésie générale avec une intubation, elle impose un arrêt de travail. La voie hystéroscopique, Essure, est réalisée par les voies naturelles, sans anesthésie ou sous neuroleptanalgésie, elle dure une dizaine de minutes, il n’y a pas de cicatrice et elle ne nécessite pas d’arrêt de travail, précise le Dr Jourdain. Elle consiste en la mise en place, dans la partie proximale de chaque trompe, d’un petit implant qui, en induisant une réaction tissulaire et une fibrose, provoque l’obstruction de la trompe. L’effet contraceptif n’est donc pas immédiat. Une autre méthode contraceptive doit être prise pendant les trois premiers mois suivant l’intervention et l’efficacité de la méthode doit être confirmée à ce moment-là par une radiographie de l’abdomen sans préparation ou une échographie, voire une hystérosalpingographie en cas de doute. Ce contrôle est indispensable et doit être réalisé par le chirurgien ayant réalisé la procédure, souligne le Dr Jourdain. Dans l’établissement où il pose ce dispositif, un registre est régulièrement tenu, les femmes qui n’ont pas présenté au praticien leur contrôle sont donc systématiquement recontactées.
Le taux de succès de la pose est de 97 % à 3 mois. L’efficacité atteint 99,80 % des cas à 5 ans ; 93 % des patientes se disent satisfaites.
Selon la Haute Autorité de santé (HAS), la méthode hystéroscopique doit être le premier choix quand une contraception définitive est décidée. Reste donc à appliquer la loi : tout d’abord informer les femmes de cette option, et, si elle est envisagée, suivre la procédure et le délai de réflexion de 4 mois, insiste le Dr Jourdain.
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