Paris (75)
Pr Albert Najman
Dans votre article sur le mariage gay paru le 10 janvier, je lis avec stupéfaction que « l’homosexualité n’est qu’une expérience au même titre que l’hétérosexualité ».
Mettre sur le même plan le comportement de la majorité des êtres humains depuis toujours et le comportement d’une minorité qui a aussi toujours existé me paraît bien témoigner de la grande confusion qui caractérise ce projet de loi et les justifications de ceux qui en sont partisans.
Ce ne sont pas uniquement des croyances religieuses qui fondent l’opposition à ce projet. C’est tout simplement le bon sens qui fait appel aux données de la nature. La différenciation sexuelle est une donnée naturelle que nous subissons dès notre conception et qui naturellement a déterminé un comportement et une organisation sociale. Le mariage a été instauré avec des modalités diverses selon les époques et les types de société pour répondre à ces données par la nature et assurer la perpétuation de l’espèce humaine.
La complexité de cette transmission de génération en génération nous apparaît maintenant que nous savons explorer son support génétique. Nous découvrons surtout que l’assemblage de gènes n’est pas une construction purement mécanique. De très nombreux facteurs encore largement ignorés influencent cette construction, facteurs génétiques, facteurs épigénétiques, facteurs d’environnement et peut-être facteurs culturels et psychologiques.
Nous sommes constitués de toute cette richesse biologique et des conséquences de la vie de nos géniteurs.
Le projet de loi est défendu au nom de l’égalité, de la liberté !
Liberté, dites-vous, mais chacun est libre de ses choix : se marier ou non. La liberté comporte des bornes, ce qui a été bien énoncé dans la première Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen en 1791 mais bien oublié depuis !
Égalité : pourquoi faut-il bouleverser un ordre social alors que chacun est respecté dans sa diversité ? Ne s’agit-il pas plutôt de projets aux conséquences bien plus ambitieuses comme celles qui voudraient fonder la filiation sur l’engagement parental et non plus sur la nature (« Le Monde » du 5 février 2013) ? Devenir indifférencié, est-ce un progrès ?
La dérive du langage va en tout cas bien au-delà d’un simple accommodement technique.
Il est intéressant de constater l’opposition très répandue contre la manipulation génétique des aliments par peur des conséquences sur les générations ultérieures alors que la manipulation de la filiation génétique n’effraie pas.
Le débat médiatique et le débat politique devraient permettre de secouer le manteau de bonne conscience que l’on veut absolument étendre sur le pays en trahissant des concepts que l’on sollicite pour répondre à un engagement électoral habilement disposé pour répondre à un puissant lobby très présent dans cette coterie parisienne qui donne en spectacle sa propre vanité au théâtre du Rond-Point.
Pilule et risque thromboembolique ou… grossesse ?
Les Molières (91)
Dr Jean Hvostoff
Suite à la plainte déposée contre le laboratoire Bayer et l’ANSM par une jeune femme accusant sa « pilule » de troisième génération d’être responsable de son accident vasculaire cérébral, je suis étonné de la réaction du gouvernement. Celui-ci par sa gestion hésitante au jour le jour de cette plainte, puis des autres plaintes pour le même sujet, a ouvert en grand les portes pour que la grande majorité des femmes, qui présente la moindre intolérance à sa « pilule », porte plainte. De ce fait, le principe de précaution devrait être appliqué (puisque toutes les pilules présentent un risque thromboembolique) et plus aucun médecin ne devrait prescrire la pilule devant le risque majeur d’être immédiatement attaqué en justice.
Toutes les femmes, y compris la ministre de la Santé, devraient savoir que la « pilule » n’est pas un placebo, mais un médicament avec ses effets indésirables, ses contre-indications. Il suffit pour s’en convaincre de lire le Vidal en vente dans toutes les grandes surfaces, ou de consulter Internet.
Prendre la pilule n’est pas un geste anodin, ce qui ne semble pas être l’avis de certains gouvernements et des médias qui ont galvaudé la prescription de la pilule : prescription par le planning familial, l’infirmière scolaire, la pharmacie, sans surveillance par le corps médical. De ce fait, les jeunes filles et jeunes femmes ont fini par croire que la pilule n’est qu’un comprimé « dans le vent » qui permet de prendre « son pied » et d’éviter les grossesses SANS AUCUN RISQUE.
Mesdemoiselles, mesdames ce ne sont pas les laboratoires, l’ANSM, ni les médecins que vous devez attaquer en justice mais les gouvernements et les médias qui ont minimisé au maximum les risques au nom de la « libération ou liberté de la femme ».
Mesdemoiselles, mesdames ne devriez-vous pas également porter plainte contre vous-même ? Car quelle que soit la pilule que vous prenez et malgré tous les examens possibles et imaginables que vous effectuerez, le risque thromboembolique existera toujours. C’est vous seule qui avez le choix de prendre la décision d’avaler ou non la « pilule » avec le risque que cela comporte.
Désertification médicale : les bonnes questions
Paris (75)
Dr Marie Triller
Pourquoi les jeunes médecins devraient-ils aller là où les vieux médecins ont désiré s’installer de leur propre chef ?
Les jeunes sont formés dans des centres hypertechniques et ne font des diagnostics que sur des données d’examens complémentaires… Leurs enseignants ne leur apprennent même pas à examiner un patient avec leurs sens (écoute, tactile, visuel) et nos dirigeants veulent les mettre seuls dans des endroits où il n’y a rien pour les épauler : pas d’infrastructure, pas de personnel soignant de terrain… Mais c’est dangereux pour les patients et pour ces jeunes médecins !
Si nos aînés et nos syndicats avaient anticipé, ils auraient vu que la féminisation de la profession allait entraîner un temps médical moins large, ils auraient vu que les anciens n’ont en rien préparé leur retraite et veulent imposer aux jeunes des règles qu’ils sortent de leur chapeau sans réflexion !
Dans le coin où je suis née et où mon père réside, il n’y a pas de désert médical, il y a seulement des jeunes médecins qui font du chiffre, remplissent les cases (présence géographique, FSS, etc.) mais ne sont à la hauteur ni pour prendre en charge des gens qui sont un peu récalcitrants pour aller faire des examens, ni pour un suivi de patient qui rentre à domicile après un traitement…
À 60 kilomètres de là, il y a une ville de 300 000 habitants où les prises en charges du cancer ne sont pas dignes de ce nom, où l’on fait venir et revenir le patient pour une visite avec un anesthésiste, un chirurgien, un urologue et un oncologue. Quand bien même cette personne a 80 ans et des métastases partout, se déplace en voiture accompagnée par sa fille (parce que tous les gens ne délaissent les leurs). Nul ne se pose la question du confort ; les consultations durent de 3 minutes à 30 minutes mais jamais ne sont groupées sur un seul jour ! Tout cela me laisse sans voix. Que l’on envisage d’obliger les jeunes à remplir les trous me révolte !
Dans un autre coin de France, j’ai vu des jeunes médecins qui désiraient s’installer, mais le médecin en fin de carrière ne s’est pas mis d’accord avec le jeune sur le prix de rachat de la clientèle… Tout cela parce que le vieux « vend » sa patientèle… On se moque de qui ? Des jeunes, j’en suis sûre, et l’on fait croire que le désert médical est du ressort des jeunes qui ne veulent pas travailler ! C’est une forme de déni de mauvaise gestion des ressources humaines médicales ! Et je n’en ajoute pas plus…
À propos de coxalgie
Nancy (54)
Dr Jean-Louis Garcia
L’éducation de nos confrères semble faire abstraction de notions élémentaires de sémantique et de l’histoire de la médecine.
Notre consultation abonde en « patients » étiquetés coxalgiques.
Nos « jeunes » confrères semblent ignorer que la coxalgie est le nom donné à la tuberculose coxofémorale. Il est vrai que cette pathologie a, pour l’instant, disparu des consultations (cela peut revenir, bien sûr).
Donc, ne pas étiqueter coxalgie une douleur de la racine du membre inférieur ! D’autant que cela relève souvent de la projection de douleurs d’origine rachidienne, plutôt thoraco-lombaire que lombo-sacrée, d’ailleurs.
Remarquable courrier récréatif du Dr Pertuet !
Ormesson (94)
Dr Françoise Couderc
Il est étonnant de voir proliférer dans tous les domaines cette patascience dénoncée ici (« le Quotidien des lecteurs » du 7 février) avec humour.
Quand la science avançait à pas chancelants, elle laissait de vastes zones d’ombre, où la pensée magique métastasait à l’envie.
Le paradoxe est que ces stupidités prolifèrent maintenant dans la pleine lumière de données démontrées.
Des exemples :
- La théorie du genre alors que le déterminisme sexuel génétique et hormonal est connu depuis les origines.
- La dangerosité alléguée des antennes relais alors tous les physiciens éminents la réfutent avec des chiffres indiscutables. etc., etc.
La médecine , qui n’a jamais autant progressé objectivement, ne pouvait rester à l’écart. Il est vrai qu’un peu de pédagogie, qui expliquerait, groupe de contrôle, SMR, placebo, se heurterait à de fortes résistances, ce serait pire que d’attaquer les signes du zodiaque !
Mais, Marthe et ses émules admettraient que la Collectivité ne prenne pas en charge des méthodes non évaluées.
La passion de l’identique
Clermont-de-l’Oise (60)
Dr Nicole Batlaj
Nous vivons trop vieux aujourd’hui pour que le mariage tienne dans la durée. Cet espace-temps chavire nos repères sociaux. On se remarie, on divorce sans ponctuation.
L’homosexualité comme l’hétérosexualité connaît la fragilité des sentiments.
Partout, la transgression émerge notre société confuse et dispersée, tente par des moyens de communication numériques de rétablir un lien social.
Beaucoup d’entre nous ont manifesté massivement pour ou contre.
Jamais une minorité, sur laquelle plane l’ombre de l’intolérance, n’avait mobilisé autant de gens non concernés.
Ce tapage actuel est sans doute l’expression d’un désaccord politique, mais aussi comme une diversion nous écartant des préoccupations économiques. Élude des interrogations dont nous n’avons pas les réponses.
Il existe une obscurité qui ne distingue pas le droit à l’enfant, et le droit des enfants.
Ce droit à l’enfant revendiqué ne va pas gommer les disparités, bien au contraire.
La nature nous a faits homme ou femme, nul ne peut choisir son sexe.
Comment répondre à l’enfant confronté à cette originalité ?
Comment peut-il s’identifier ?
Construire sa bisexualité psychique, quel avenir incertain. Que de blessures étrangères à venir.
Il faudrait veiller à ce que cette procréation médicamenet assistée ne devienne pas une « procréation malade d’autosuffisance ».
Une réponse sur le mariage gay
Bordeaux (33)
Pr Louis Traissac
Dans la rubrique « 24 heures du Monde » du « Quotidien du Médecin » numéro 9 208 du jeudi 10 janvier 2013, sous le titre « Le projet de loi sur le mariage gay : comment attiser les tensions », vous écrivez :
« Dès lors que l’on considère l’homosexualité comme un phénomène naturel (et, bien sûr, elle l’est) etc.…). » NON… Vous avez tort : elle ne l’est pas.
Une telle affirmation est inacceptable, encore plus dans un journal médical.
L’homosexualité n’est PAS, n’est en RIEN un phénomène naturel.
La sexualité naturelle, c’est-à-dire « physiologique » donc « normale » (mot si à la mode) est l’hétérosexualité.
La Nature a bien fait les choses puisque la sexualité « naturelle » est destinée, finalement, à permettre la conception d’un être humain, de façon normale, à partir de la rencontre de deux gamètes différentes mâle et femelle.
L’expression sexuelle dans l’homosexualité n’a rien de naturel car, notamment, chez l’homme (chez la femme le phénomène est plus complexe mais tout aussi dénaturé) cette expression ne peut être que la sodomie. Or confondre l’anus avec la vulve et le rectum avec le vagin n’a rien de « naturel ».
Quant au sentiment d’amour (« ils s’aiment donc… »), il faudrait, tout d’abord, s’entendre sur ce que l’on met sous ce terme tant galvaudé.
En effet, autoriser le mariage homosexuel « parce qu’ils s’aiment », c’est ne connaître le monde homosexuel que « par le petit bout de la lorgnette ». Car s’il n’est, certainement, pas facile (du moins au début) d’admettre et de vivre son homosexualité, par la suite, pour beaucoup, c’est la liberté.
Par ailleurs, si on autorise le mariage homosexuel « parce qu’ils s’aiment », pourquoi ne pas autoriser, aussi, le mariage incestueux ou même, pourquoi pas la polygamie ?... PUISQU’ILS S’AIMENT...
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024