Ce que le praticien peut ou ne doit pas faire

Une charte de bonnes pratiques pour la consultation de gynécologie

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Publié le 24/06/2022
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Le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) a publié une charte de la consultation en gynécologie ou en obstétrique, ratifiée par l’ensemble de la profession. Il est conseillé de l’afficher dans les salles d’attente pour que chaque femme puisse en prendre connaissance avant la consultation.
 L’examen gynécologique n’est pas recommandé lors de la première consultation d’une jeune femme pour contraception

L’examen gynécologique n’est pas recommandé lors de la première consultation d’une jeune femme pour contraception
Crédit photo : phanie

Signée par l’ensemble des sociétés savantes de gynécologie, « la Charte de la consultation en gynécologie vise à restaurer un climat de confiance entre les patientes et les médecins, à la suite de certaines affaires dénonçant des violences gynécologiques ou obstétricales [lire aussi p. XX] » souligne le Dr Geoffroy Robin (CHRU de Lille). Elle énonce les conditions dans lesquelles un examen clinique doit pouvoir être proposé et réalisé. Si la majorité des praticiens ont déjà adopté ces bonnes pratiques, les afficher dans la salle d’attente permet de faire connaître leurs droits aux femmes. La connaissance de la charte devrait les encourager à s’exprimer, à poser leurs questions afin d’améliorer le dialogue médecin-patiente.

L’importance du consentement

En préambule, il est rappelé que les professionnels ont parfaitement conscience de la particularité de la consultation de gynécologie ou d’obstétrique, qui touche à l’intimité psychique et physique des femmes. « La consultation en gynécologie nécessite une écoute, une attitude, un dialogue et un examen physique dans un esprit de bienveillance et de respect mutuel », est-il précisé.

La question du consentement est au cœur de la charte. « L’examen gynécologique ne doit pas être subi. Avant d’obtenir son consentement, le praticien doit informer la patiente et lui expliquer les gestes qu’il souhaite pratiquer et ce qu’il en attend », souligne le Dr Robin.

L’examen clinique fournit des renseignements que l’imagerie ne peut pas apporter, « comme l’état de la vulve, du vagin et du col, la mobilité des organes pelviens, la contraction des muscles, la cartographie des zones douloureuses et la typologie des douleurs, ou encore l’origine de saignements ou de pertes. Il permet aussi la pratique de prélèvements (frottis, examens microbiologiques) », rappelle le Dr Robin.

L’accord oral de la femme est recueilli avant tout examen clinique. La patiente a le droit d’exprimer, au début de la consultation, son refus de se faire examiner. L’examen doit pouvoir être interrompu dès que la patiente en manifeste la volonté. Aucune pression, en cas de refus, ne sera exercée sur elle : il convient alors de l’informer de l’éventuelle nécessité d’un nouveau rendez-vous pour réaliser l’examen, si celui-ci est indispensable, et de l’informer des limites diagnostiques et thérapeutiques que cette absence d’examen clinique peut entraîner.

Par ailleurs, l’examen clinique n’est pas systématique. Par exemple, il n’est pas recommandé lors de la première consultation d’une jeune femme pour contraception, en l’absence de symptômes.

« Des recommandations pour la pratique clinique dédiées à l’examen pelvien sont en cours d’élaboration et seront présentées au prochain congrès Pari(s) santé femmes », indique le Dr Robin.

Exergue : « Nous souhaitons restaurer un climat de confiance entre les patientes et les médecins »

Entretien avec le Dr Geoffroy Robin, CHRU de Lille

Dr Christine Fallet

Source : lequotidiendumedecin.fr