Alors qu'une femme sur dix fait une fausse couche au cours de sa vie, ce phénomène « trop longtemps minimisé » doit être mieux pris en charge, selon un rapport d'experts publié ce mardi 27 avril dans « The Lancet ».
Les auteurs du rapport estiment que 23 millions de fausses couches se produisent chaque année dans le monde, soit environ 15 % du total des grossesses. La définition de la fausse couche est une perte foetale avant la limite de viabilité, celle-ci pouvant varier selon les pays de 20 à 28 semaines d'aménorrhée (SA). Une fausse couche précoce est l'expulsion spontanée avant 10 à 14 SA selon les pays, la fausse couche tardive étant définie comme l'expulsion après ce terme jusqu'à la limite de viabilité.
Ce phénomène représente environ « 44 grossesses perdues chaque minute », selon l'une des trois études qui composent ce rapport. En se basant sur plusieurs autres travaux publiés ces 20 dernières années, les chercheurs estiment que 10,8 % des femmes ont fait une fausse couche. Les fausses couches récurrentes sont nettement moins fréquentes : 1,9 % des femmes en ont fait deux et 0,7 % en a fait trois.
Certains facteurs sont associés à une augmentation du risque : des anomalies chromosomiques chez le fœtus, l'âge de la mère et, dans une moindre mesure, du père (surtout au-dessus de 40 ans), des antécédents de fausse couche, un indice de masse corporelle très bas ou très élevé, l'alcool, le tabac, le stress, le travail de nuit ou l'exposition aux pesticides.
Manque d'empathie
« De nombreuses femmes se plaignent du manque d'empathie avec lequel elles sont prises en charge après une fausse couche : certaines ne reçoivent aucune explication, et le seul conseil qu'on leur donne c'est de réessayer », ajoute dans un éditorial la Pr Quenby, directrice adjointe du Tommy's National Centre for Miscarriage Research, organisme caritatif britannique spécialisé dans cette question et initiateur du rapport.
Le second article de cette série propose des recommandations pour améliorer le diagnostic et la prise en charge des fausses couches. Concernant le diagnostic, il doit reposer sur l'échographie et des algorithmes fiables. Un sac de gestation vide d'un diamètre de 25 mm ou plus, une longueur cranio-caudale de plus de 7 mm sans activité cardiaque repérable lors d'une échographie transvaginale sont considérés comme étant des signes suffisamment évocateurs pour justifier une prise en charge immédiate.
Un pan des recommandations concerne la prévention des fausses couches chez les femmes ayant des saignements au début de leur grossesse : « il existe des preuves de haute qualité en faveur de l'utilisation de la progestérone micronisée pour améliorer les chances de naissances vivantes », insistent les auteurs, en particulier chez les femmes ayant connu trois fausses couches ou plus.
Concernant la prise en charge, une aspiration après préparation du col de l'utérus est la première des six méthodes recommandées. Vient ensuite la combinaison de mifépristone et de misoprostol, plus efficace que le misoprostol seul. Les auteurs insistent sur la nécessité d'un choix éclairé des femmes auxquelles toutes les options ont été présentées.
Une réponse graduée
Un dernier papier de la série concerne le cas particulier des fausses couches répétées. Un texte de consensus a été produit par un comité d'experts britanniques en décembre 2019. Repris par les auteurs du « Lancet », ce texte envisage les trois approches faisait le constat d'un déficit de suivi des couples qui n'ont pas souvent l'opportunité de connaître les raisons médicales de leurs fausses couches et se voient seulement conseiller de retenter leur chance.
Les experts britanniques préconisent une approche graduée de la prise en charge. Après la première fausse couche, des ressources doivent être mises à disposition des femmes : documentation, conseils hygiénodiététiques, liste de spécialistes en santé mentale et groupe d'autosupport. Il est préconisé en priorité de traiter les maladies chroniques connues pour augmenter le risque de fausses couches (diabète, hypertension, épilepsie…).
Après la seconde, un rendez-vous sera proposé dans une clinique spécialisée dans ce type d'événements. Ces dernières pouvaient être gérées par des infirmières ou des sages-femmes. Un bilan sanguin et une analyse des fonctions thyroïdiennes pourront y être réalisés. La 3e fausse couche ouvre une gamme d'examens complémentaires : consultation génétique, recherche des anticorps antiphospholipides et scanner du pelvis. Une prise en charge de la santé mentale est également préconisée.
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