C’est un petit bloc de résine. Ce pourrait être l’impression 3D d’un fruit, mais c’est bien celle d’un embryon préimplantatoire de trois jours que le Pr Samir Hamamah, chef de service au département de biologie de la reproduction au CHU de Montpellier, tient dans sa main. Une première en France. Mesurant 150 microns de diamètre, il a été grossi des milliards de fois. Sur la maquette, la zone pellucide ressemble à une orange pelée. On y distingue clairement les cellules et des fragments.
« Plus la présence de ces fragments est élevée, plus les chances de survie de l’embryon sont faibles », explique le Dr Elodie Salici, collaboratrice du service. « Or, la 3D nous permet de mieux discerner ces fragments que l’on distingue difficilement au microscope. C’est important car il faut que le taux de ces fragments, dont on pense qu’ils sont dus à leurs conditions de culture, soit inférieur à 20 % de la taille de l’embryon pour ne pas entraîner la mort celui-ci », précise-t-elle.
Aujourd’hui, il faut en moyenne 2,8 tentatives de fécondation in vitro pour permettre à un couple d’être parents. Une moyenne d’1,8 embryon est implanté à chaque tentative, ce qui entraîne des grossesses multiples dans près de 20 % des cas. « Ceci n’est pour l’heure qu’une preuve de concept. Un brevet au nom de l’INSERM, du CHU de Montpellier et de l’Université Montpellier 1 a été déposé le 1er juillet » , complète le Pr Hamamah, co-inventeur de cette approche avec les Drs Elodie Scalici et Samuel Mérigeaud de la société Tridilogy.
Sans enfreindre les règles d’éthique
Les découvreurs ne présentent pas cette nouvelle technique d’imagerie comme une révolution mais comme une approche nouvelle. Elle permettrait à la fois d’opérer à une meilleure sélection de l’embryon semblant le plus à même de se développer dans l’utérus, mais aussi faire de la pédagogie auprès des médecins, des étudiants, et des personnes concernées, puisqu’elle permet « de visualiser ce que représente un embryon dans sa conformation in vivo ».
Aujourd’hui, aucun couple n’a pu bénéficier de cette reconstitution 3D d’un embryon préimplantatoire. « Il nous faut examiner une cohorte embryonnaire, poursuit le Pr Hamamah. Nous aimerions commencer dans les semaines à venir. Puis publier avant que l’on imagine pouvoir généraliser cette pratique qui n’enfreint aucune règle éthique puisqu’il s’agit seulement de technique d’imagerie, sans intervention invasive sur l’embryon. »
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