Contraceptions difficiles

Slinda, un nouveau microprogestatif anti-androgénique

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Publié le 05/02/2021
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Une pilule microprogestative anti-androgénique, la première du genre, est mise à disposition par le laboratoire Exeltis.
30 % du marché de la contraception orale

30 % du marché de la contraception orale
Crédit photo : Phanie

Le laboratoire Exeltis Santé a lancé Slinda, en janvier 2020, une nouvelle pilule sans œstrogène à la drospirénone, dont le profil pharmacologique est proche de la progestérone naturelle. « Elle se distingue des autres pilules progestatives seules (POP) par son activité anti-androgénique. Sans être un traitement de l'acné, elle est intéressante car elle engendre peu d'effets défavorables sur la peau. Elle bénéficie aussi d'une activité anti-minéralocorticoïde : pas d'effet défavorable sur le poids, ni sur la tension artérielle », explique la Dr Brigitte Letombe, gynécologue à Lille.

La contraception progestative seule représente désormais plus de 30 % du marché de la contraception orale. De fait, les différentes crises médiatiques ont contribué à une diminution régulière du recours à la contraception œstroprogestative orale (COC). Les femmes étant davantage exposées aux maladies cardiovasculaires, leurs besoins en termes de contraception ont évolué.

« Nous observons, aujourd’hui, une modification assez importante du profil cardiovasculaire des femmes avec, notamment, l’augmentation des infarctus du myocarde chez les 35 à 50 ans. Ces évolutions sont souvent liées à l’âge, augmentant les facteurs de risque cardiovasculaires. Mais elles sont aussi dues à des évolutions des modes de vie », souligne la Dr Letombe. Le tabagisme féminin, par exemple, est de plus en plus important avec 22,9 % de femmes fumeuses en 2020, selon l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT). À cela s'ajoutent d'autres mauvaises habitudes venant augmenter les risques cardiovasculaires, telles que la sédentarité et la consommation régulière d'alcool.

Obésité, HTA, allaitement, adolescence

Les patientes requièrent une solution contraceptive « sur-mesure », adaptée à leur état de santé en termes d'efficacité, mais aussi, de sécurité et de tolérance. « Les POP se présentent comme une alternative de choix dans le contexte des contraceptions difficiles. Car l’absence d’œstrogènes permet de diminuer le risque de survenue d’événements thrombo-emboliques », indique Brigitte Letombe.

Slinda est particulièrement adaptée aux femmes allaitantes, en situation d'obésité, présentant une hypertension artérielle (HTA), mais aussi aux adolescentes. « Car ces dernières ne sont pas toujours au courant des antécédents médicaux de leur famille. Or, lors d'une primo-prescription, nous cherchons à connaître le risque thrombo-embolique familial. Nous pouvons prescrire Slinda sans cette information », ajoute la Dr Letombe. Slinda permet également de garder un taux d'œstradiolémie élevé et donc, de ne pas engendrer d'effets délétères osseux. Non remboursé par l'Assurance-maladie, Slinda s'administre de manière continue pendant 28 jours (24 comprimés actifs et quatre comprimés placebo) et induit, ainsi, moins de « spottings » ou saignements inattendus.

Autre nouveauté : le contraceptif Naravela. Tout juste commercialisé en France par Exeltis à un prix accessible, il combine l'éthinylestradiol au norgestimate. Cette association présente un risque de survenue d’événements thrombo-emboliques veineux faible (5-7 pour 10 000 femmes). « Grâce au norgestimate, Naravela bénéficie d'un effet anti-androgénique, avec une efficacité sur l'acné modérée », assure la Dr Letombe. En France, les pilules œstroprogestatives restent majoritairement prescrites. Depuis 2018, le Collège national des gynécologues obstétriciens recommande celles au norgestimate en première intention de prescription.

D'après une conférence de presse organisée par Exeltis

Hélia Hakimi-Prévot

Source : Le Quotidien du médecin