Une équipe de gynécologie obstétrique du CHU de Limoges va mener le premier essai français de greffes d’utérus,a annoncé lundi l’hôpital, qui a reçu le feu vert par l’Agence nationale de sécurité du médicalement (ANSM) le 5 novembre.
Critères d’inclusion stricts
Les candidates volontaires sont déjà nombreuses – une quarantaine de femmes, selon le Pr Yves Aubard, chef du service gynécologie-obstétrique du CHU. « En effet, jusqu’à présent, on ne pouvait rien proposer aux femmes sans utérus en France, la seule solution c’est la grossesse pour autrui (GPA) – qui est illégale. »
Mais les critères d’inclusion de ce premier essai sont stricts. Huit femmes receveuses seront sélectionnées – elles devront avoir entre 25 et 35 ans, ne jamais avoir eu d’enfants, être en bonne santé et en couple, « des femmes nées sans utérus ou à qui on a réalisé une hystérectomie d’hémostase par exemple. Les femmes non-éligibles sont celles à qui on a retiré l’utérus dans le cadre d’un cancer », précise-t-il.
L’inclusion des femmes devrait débuter d’ici la fin de l’année. « C’est un long processus. Il faut d’abord faire le bilan pré-greffe, puis les fécondations in vitro – on espère démarrer les stimulations ovariennes au printemps prochain », détaille le Pr Aubard, ajoutant que si les femmes n’ont pas suffisamment d’embryons – il en faut au moins 10 – il s’agit d’un nouveau critère d’exclusion. « On espère que les premières transplantations pourront avoir lieu fin 2016. »
D’autres greffes déjà réalisées à l’étranger
Des greffes d’utérus ont déjà eu lieu à l’étranger, en Suède par exemple, pour l’instant le seul pays à avoir obtenu une naissance à partir d’un utérus prélevé sur une donneuse vivante : « une femme âgée de 61 ans, ménopausée, amie de la patiente âgée de 36 ans, décrit le Pr Aubard. Parmi les autres donneuses en Suède, il y avait des mamans, une belle-mère... Là-bas c’est la receveuse qui motive son entourage ».
Un processus trop compliqué
En France, même si l’Académie de médecine a récemment donné un avis favorable à la greffe d’utérus à partir de donneuses vivantes, l’ANSM n’a donné son autorisation que pour des donneuses en état de mort encéphalique. « En France, on considère que le prélèvement sur donneuse vivante est trop lourd – c’est des opérations dont la moyenne est de 10 heures, c’est très compliqué, et il peut y avoir des ennuis – l’équipe Suédoise a eu une blessure de l’uretère chez une patiente », note le praticien.
D’autres équipes françaises espèrent cependant pouvoir mener des greffes à partir de donneuses vivantes ; dont une équipe au CHU de Rennes, qui va bientôt faire une demande de programme hospitalier de recherche clinique (PHRC), indique le Pr Aubard.
Un projet bouclé depuis l’an dernier
La première greffe d’utérus à partir d’une donneuse défunte a déjà été tentée en Turquie en 2011, sans qu’on connaisse à ce jour les résultats obtenus. Une autre autorisation d’essai clinique a été obtenue cette année par une équipe britannique, mais celle-ci n’a pas encore reçu de financement pour ses travaux, alors que le projet du CHU de Limoges, soutenu notamment par le ministère de la Santé, est bouclé depuis l’an dernier.
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