La prise de macrolides pendant le premier trimestre de grossesse fait-elle courir un risque de malformations congénitales au fœtus ? Alors que les données sont discordantes et que cette classe d’antibiotiques compte parmi les plus prescrites chez les femmes enceintes (environ 5 % des grossesses concernées en 2019), le groupement scientifique Epi-Phare (commun à la Cnam et l’ANSM) a tenté d’y voir plus clair.
Publiée dans Plos Medicine, cette étude a été menée à partir de la cohorte mères-enfants Epi-Mères compilant des données du système national des données de santé (SNDS), de 2010 à 2020. L’exposition aux macrolides y a été comparée à celle à l’amoxicilline (groupe contrôle), fréquemment utilisée chez les femmes enceintes avec un profil de sécurité bien établi. Au total, 140 708 grossesses exposées aux macrolides et 592 652 à l’amoxicilline ont été incluses. L’analyse a été conduite pour le risque global et pour 42 malformations congénitales.
Un tiers des malformations sont cardiaques
Sur la période étudiée, 2 432 (172,8 pour 10 000 naissances vivantes) et 10 176 (171,7 pour 10 000) cas de malformations congénitales après exposition pendant la grossesse, respectivement aux macrolides et à l’amoxicilline, ont été identifiées. « Les malformations cardiaques, en particulier celles du septum auriculaire et du septum auriculo-ventriculaire, représentaient environ un tiers des nourrissons touchés dans chaque groupe d'exposition », est-il précisé.
Après ajustement, l'exposition aux macrolides au cours du premier trimestre n'était globalement pas associée à une malformation congénitale (RRa = 1,00) par rapport à l'amoxicilline. Mais dans le détail, une augmentation du risque est observée pour le spina bifida (RRa = 1,82) et la syndactylie (RRa = 1,65). « La différence de risque ajustée pour 10 000 nourrissons nés vivants était de 1,15 pour le spina bifida et de 0,87 pour la syndactylie », est-il indiqué.
Ces résultats sont ainsi rassurants pour la plupart des malformations congénitales, mais « un risque accru de spina bifida et de syndactylie demeure possible », relèvent les auteurs, invitant à de nouvelles études pour approfondir ces observations. Lors du premier trimestre d’une grossesse, les macrolides devraient uniquement être prescrits en l’absence d’alternatives au profil de sécurité bien établi, est-il recommandé.
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