La France cultive des paradoxes, mais pas toujours les meilleurs, constate l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) : malgré une large couverture contraceptive, le taux des IVG ne diminue pas. Une grossesse sur trois est qualifiée de non prévue et 60 % d’entre elles vont aboutir à une IVG. Dans deux tiers des cas, ces grossesses surviennent sous contraceptifs ! « Cela veut dire que ce que l’on propose à nos patientes ne convient pas toujours à leur réalité quotidienne. En cause, une mauvaise observance, mais aussi des explications insuffisantes sur la gestion de la contraception », commente le Dr Véronique Thoma. Cela va aboutir à des IVG alors que les moyens contraceptifs ne manquent pas. La pilule arrive en tête (58,70 %), suivie par le dispositif intra-utérin (DIU) (24,20 %), le préservatif masculin (11,50 %), l’implant (1,30 %), puis les autres méthodes (patchs, anneaux vaginaux) (1,30 %). Mais des problèmes restent à résoudre. L’information circule mal. Seulement 48 % des Français connaissent le patch, 44 % ne connaissent ni l’anneau ni le patch. « Les pilules de 3e génération, les patchs et les anneaux vaginaux pâtissent d’un mauvais remboursement et il est difficile de proposer des contraceptions coûteuses », souligne le Dr Thoma.
À cela s’ajoutent les accidents de parcours qu’il faut anticiper en informant sur la contraception d’urgence (pilule ou DIU).
Une ressource inexploitée
En France, seules 2 % des patientes ont recours à la contraception définitive contre plus de 30 % aux États-Unis, au Canada ou au Brésil. « Pourtant, la contraception définitive a certainement une place parmi les moyens contraceptifs mais sous certaines conditions », observe cette praticienne. « Elle s’intègre dans un parcours personnel, dans un chemin de vie où, au fil du temps, pour certaines de nos patientes la contraception réversible n’est plus souhaitée. Les statistiques montrent que les principales motivations de recours à la contraception définitive sont, outre l’absence de désir d’enfant, celui de ne plus revivre des situations d’échec conduisant à une IVG. » Une loi la légalise depuis dix ans « pour les personnes majeures ayant exprimée une volonté libre, motivée et délibérée en considération d’une information claire et complète sur ses conséquences, à l’issue d’un délai de réflexion de quatre mois après la première consultation médicale et après confirmation écrite de la personne concernée de sa volonté de subir une intervention ». Malheureusement, elle reste peu proposée en France malgré les recommandations de l’IGAS en 2009 qui demande aux médecins d’informer les patientes sur ce moyen contraceptif au même titre que les autres méthodes. Mais « ça coince » parce que l’information vers les médecins est également défaillante. Beaucoup d’entre-eux ne connaissent que la ligature des trompes sous cœlioscopie ou à la vasectomie alors qu’on effectue en France, depuis 2002, une technique très simple qui consiste, à introduire par voie hystéroscopique un micro-implant dans la partie proximale des trompes. Ce micro-implant ou stent s’apparente à un ressort qui, une fois en place, va provoquer une réponse inflammatoire puis une fibrose qui va obturer de façon irréversible la lumière tubaire en trois mois. La mise en place, dure moins de dix minutes, ne nécessite pas d’anesthésie, et est pratiquée en hôpital de jour entre le 5e et 10e jour du cycle. Une contraception est poursuivie le temps nécessaire à l’obturation tubaire (3 mois) par pilule ou stérilet car le dispositif peut être introduit en laissant le DIU en place. D’ailleurs, au vu de ses excellents résultats (96,9 % de réussite), c’est en 2007, deux ans avant l’IGAS que l’HAS avait élargi les indications de pose des micro-implants tubaires en première intention comme méthode de contraception définitive et irréversible à toute femme majeure n’ayant plus de désir de maternité.
(1) Service de gynécologie-obstétrique, CHU Hautepierre, Strasbourg
Réunion réalisée avec le soutien institutionnel de la Société Conceptus.
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