Alors que la journée mondiale contre l’endométriose s’est tenue le 28 mars, une étude longitudinale française parue dans « Reproductive Biomedicine Online » met en lumière l’impact de l’endométriose sur les complications obstétricales et néonatales. Le recours à l’assistance médicale à la procréation (AMP) chez les patientes concernées représente un facteur de risque supplémentaire.
« L’objectif était de déterminer si l’endométriose entraîne une prévalence plus élevée de complications obstétricales et néonatales et si l’AMP entraîne un risque supplémentaire », expliquent les auteurs, des chercheurs et médecins du service de gynécologie obstétrique de l’hôpital Bichat (AP-HP), de l’Inserm, de l’Université de Paris et de l’Agence de la biomédecine (ABM). D’après eux, cette étude est la plus grande cohorte nationale explorant les causes sous-jacentes de l’excès de morbidité chez la mère et l’enfant après AMP, prenant en compte l’une des causes les plus fréquentes d’infertilité, l’endométriose.
L’endométriose touche 10 à 15 % des femmes en âge de procréer en France et se caractérise par la présence d’endomètre en dehors de la cavité utérine, à l’origine notamment de dysménorrhées (75 à 90 % des cas) et d’infertilité (50 %).
Au total, plus de quatre millions de grossesses non multiples survenues entre 2013 et 2018 ont été incluses dans cette étude, menée au sein du groupe de travail « Suivi des femmes et des enfants en assistance médicale à la procréation » de l’ABM.
Un risque particulièrement accru de placenta praevia
Pour évaluer les comorbidités maternelles et périnatales, les femmes ont été classées en trois groupes selon qu’elles aient vécu une grossesse spontanée sans endométriose (âge moyen de 30 ans ; n = 4 083 732), une grossesse spontanée avec endométriose (31,7 ans ; n = 31 101) ou bien une grossesse après AMP (fécondation in vitro) avec endométriose (33,1 ans ; n = 6 934).
En comparant les femmes des deux premiers groupes, il apparaît que l’endométriose augmente de façon indépendante le risque de thrombose veineuse (OR ajusté [aOR] de 1,51), de prééclampsie (1,29), de placenta praevia (2,62), de décollement placentaire (1,54), de naissance prématurée (1,37), de petit poids de naissance pour l’âge gestationnel (1,05) et de malformations (1,06).
Parmi les femmes atteintes d’endométriose, l’AMP est associé à un risque accru de placenta praevia (2,43), de naissance prématurée (1,42) et de petits poids (1,18) et ce indépendamment de l’effet de l’endométriose. Le risque de prééclampsie, de décollement placentaire ou de malformations congénitales n’était en revanche pas augmenté en cas d’AMP.
« Ces vastes données nationales récentes sur les cohortes démontrent que l’endométriose joue un rôle indépendant dans l’augmentation du risque de la plupart des morbidités maternelles et périnatales et que l’AMP joue un rôle en tant que risque associé ajouté aux complications liées à l’endométriose », résument ainsi les auteurs.
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