Pour Charlotte Dudkiewicz-Sibony et le docteur Dominique Cornet, respectivement psychologue clinicienne et gynécologue dans le service d’Assistance médicale à la procréation de l’Hôpital Tenon (Paris), « il faut pouvoir agir à tous les niveaux si l’on veut combattre la stérilité ». Cela implique que le regard du médecin doit pouvoir croiser l’écoute du psychologue si son intervention est jugée nécessaire à un moment donné de la prise en charge.
Il n’est jamais simple pour le médecin de savoir quand et comment proposer l’orientation vers un psychologue. Pour autant, ce rôle de « passeur », comme le définit le Dr Cornet, « ne doit pas constituer une décharge pour le praticien et ne le dispense pas de sa mission d’accompagnant ». Par la mise en place d’une « relation de confiance aux vertus thérapeutiques », on augmente considérablement les gages d’un accompagnement réussi dont les critères principaux sont la satisfaction des patients quelle que soit l’issue du traitement et, très vraisemblablement, de meilleurs résultats cliniques.
S’adapter à l’état émotionnel du patient
Dans certains cas, le Dr Cornet reconnaît qu’il faut « savoir changer de stratégie » pour « s’adapter à l’état émotionnel » des patients. La libération de la parole, si elle n’a pu se faire dans le cabinet du médecin, peut intervenir auprès du psychologue dont le « rôle précieux de thérapeute à part entière » ne doit pas être négligé. Il faut également aider « à faire le deuil du succès pour éviter qu’un espoir démesuré n’entraîne un excès de stress ». À travers plusieurs exemples, C. Dudkiewicz-Sibony et le Dr Cornet, montrent ainsi que des parcours de PMA long et douloureux, parce que sanctionnés par des échecs constants, peuvent parfois s’infléchir positivement grâce au travail combiné des équipes médicales et du psychologue.
C’est par exemple le cas de cette patiente de 37 ans, infertile depuis 8 ans et pour laquelle 5 tentatives de FIV s’étaient révélées infructueuses. Après une prise en charge psychologique au cours de laquelle elle révéla ses difficultés relationnelles avec une mère trop présente depuis le décès de son père, la sixième tentative fonctionna parfaitement. Pour C. Dudkiewicz-Sibony, « elle s’était enfin autorisée à devenir mère à son tour ». Ou encore de cette femme de 35 ans sur laquelle plusieurs FIV n’eurent aucun résultat et qui finit, après plusieurs rencontres avec le psychologue, par accepter le don d’ovocyte pour finir par déclarer une grossesse spontanée au moment même où on lui annonça le don et la congélation des embryons. Quoi qu’il en soit, les deux praticiens rappellent que même si l’issue n’est pas celle souhaitée, la qualité de l’accompagnement peut sans conteste aider à « vivre positivement un échec ».
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