À partir du 1er janvier 2023, la « pilule du lendemain » sera accessible en pharmacie, de manière gratuite, sans ordonnance et à tout âge. « Aujourd’hui, elle est gratuite et sans ordonnance seulement pour les jeunes femmes mineures, et gratuite avec ordonnance pour les moins de 26 ans. Il nous fallait lutter contre leurs difficultés d’accès à la contraception d’urgence, car on sait que son efficacité est maximale dans les 24 heures qui suivent le rapport à risque de grossesse », expliquait le ministre de la santé François Braun en septembre dans les colonnes du journal 20 minutes.
« Cette mesure est une très belle avancée. Cette gratuité totale est une arme supplémentaire pour favoriser l’accès à cette contraception d’urgence, sur laquelle nous devons continuer à communiquer sans relâche. Car, au-delà de la question financière, un autre frein est le faible niveau d’information de certaines femmes », souligne le Pr Aubert Agostini, gynécologue-obstétricien à l’hôpital de la conception à Marseille et président de la commission « orthogénie » au CNGOF.
Selon lui, il faudrait cesser d’utiliser l’expression « pilule du lendemain ». « C’est une pilule qui doit être prise le plus tôt possible, dans l’idéal juste après le rapport. Or, on voit encore trop de dames qui attendent le lendemain pour venir se la procurer », indique-t-il.
Elle peut d’ailleurs être prescrite et délivrée à l’avance, en même temps que la contraception régulière, de manière à pallier d’éventuels échecs ou défauts de celle-ci (oubli de pilule, rupture de préservatif), ce qui permet de faire le point sur son utilisation optimale : plus la prise de la contraception est proche du rapport à risque, plus elle est efficace en termes de taux de grossesse.
Un passage de l’IVG à 14 semaines sans concertation
Autre réforme d’importance, l’Assemblée nationale a définitivement adopté, fin février, le texte instaurant l’allongement du délai légal d’IVG, passé de 12 à 14 semaines et ce, dès le mois suivant. « La Haute autorité de santé (HAS) a l’habitude de fixer une règle de bon sens en disant : jamais la première fois sur un être humain. Là, on a été bien été obligé de le faire sur des femmes pour la première fois. Cela s’est déroulé sans incident majeur, car les équipes sont constituées de professionnels bien formés et motivés. Mais c’est quelque chose que l’on aurait pu éviter si cette mesure avait été mise en place dans la concertation avec les professionnels », dénonce le Pr Agostini.
« Le problème n’est pas spécialement quantitatif. L’allongement des délais ne fait pas augmenter de manière sensible le nombre de femmes en demande d’une interruption de grossesse, explique-t-il. Mais cela se pose d’abord des difficultés dans la gestion des demandes de rendez-vous. Car les femmes dans le délai de ces deux semaines supplémentaires sont dans une très grande urgence. Il faut donc que les personnes qui prennent les rendez-vous soient sensibilisées, pour réagir comme il se doit, pour qu’elles puissent être reçues à temps. Au sein d’équipes très sensibilisées, cela se passe bien. Mais ce n’est pas forcément le cas partout. On voit régulièrement des femmes qui arrivent très tardivement car elles ont été mal orientées ou ont essuyé de refus de prise en charge. »
La réalisation d’une IVG au-delà de la 12e semaine réclame aussi un savoir-faire médical et un plateau technique adapté. « C’est une intervention un peu délicate, pour lequel il faut faire une échographie. Dans les services où l’accès à cet examen est un peu difficile, cela peut être compliqué de respecter les délais imposés par la loi », souligne le Pr Agostini, en regrettant la façon dont cet allongement a parfois été présenté. « Le plus regrettable dans cette affaire est que la loi a été rendue applicable du jour au lendemain, sans la moindre concertation avec les personnes chargées de la prise en charge des femmes. Aucun accompagnement n’a été mis en place, tant au niveau financier que de la formation. Il y a eu une absence totale de gestion des risques », regrette le Pr Agostini.
Entretien avec le gynécologue-obstétricien à l’hôpital de la conception à Marseille et président de la commission « orthogénie » au CNGOF
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